REMETTONS LES PENDULES A L’HEURE !
Le VRAI débat démocratique est absent de cette campagne présidentielle. Il faut rendre hommage à France 2 pour avoir sauvé l’honneur en programmant deux émissions « Des paroles et des actes » ouvrant ainsi un gros quart d’heure d’antenne à chaque candidat pour être interrogé par trois journalistes, et David PUJADAS en chef d’orchestre.
Alors, un quart d’heure c’est bien mais tout de même peu pour l’élection phare qui engage l’avenir de la France. Vous me direz que certains candidats ont déjà eu l’honneur d’être les invités de cette émission pendant deux heures. Et qu’un débat est prévu entre les deux tours opposant les deux vainqueurs du premier tour (ou deux débats ?).
Oui, mais quand même, il n’échappera à personne que le débat ente candidats est ce qui permet le mieux de confronter les idées des uns et des autres, et de mieux cerner la personnalité des candidats. Alors, je ne sous-estime pas les difficultés d’organisation et les réticences affichées aussi par certains candidats ne souhaitant pas être opposés à d’autres candidats ne boxant pas dans la même catégorie qu’eux. On reste tout de même sur notre faim. Bravo à France 2 en tout cas mais peut mieux faire ! Je vous renvoie d’ailleurs à mes articles sur la primaire socialiste où l’ensemble des français se voyait proposer à une heure de grande écoute un débat pour une élection interne à un parti qui ne les concernait pas nécessairement…
Je n’ai pas la solution mais il doit y en avoir une ou on devrait pouvoir en trouver une… dans cinq ans.
Pour le reste, puisque nous n’avons que cette émission à nous mettre sous la dent, il faut bien reconnaître qu’elle nous a permis de nous remettre en mémoire… les candidats et leur positionnement, pour ce qui est des « grands » candidats, et de découvrir, un peu, les « petits » candidats.
A ce propos, s’il est exact que Philippe POUTOU a apporté une touche de « fraîcheur » (une période de glaciation pour la France ou une irruption volcanique s’il était élu…), il faut rectifier une erreur propagée à la suite de son intervention. Les applaudissements à la fin de son « quart d’heure » étaient liés au fait qu’il avait terminé sa phrase juste au moment où la cloche signalait la fin de son temps de parole, ce qui a effectivement déclenché ce mouvement d’applaudissements, compréhensible de plus en fin d’émission...
Nathalie ARTHAUD a tiré, elle aussi, son épingle du jeu, sachant que si ses cartes étaient abattues, je doute que ce professeur d’université en économie n’évite un cataclysme économique pour la France…
En dehors des qualités intellectuelles de Jacques CHEMINADE, difficile de se faire une véritable opinion sur ce candidat un peu mystérieux mais qui a dévoilé des pans intéressants de sa vision du monde jusqu’à ce que les questions tournent autour de ce qu’il est censé incarner comme idées subversives…
Nicolas DUPONT-AIGNAN a tenté quant à lui d’interpeller les téléspectateurs mais dans ce registre là, les candidats situés à gauche de l’échiquier politique l’ont emporté. Il est plus facile de vendre la révolution que la sortie de l’euro.
Enfin, Eva JOLY s’est essayé à l’attaque personnelle contre Nicolas SARKOZY, cédant en cela, j’imagine, à ses conseillers en communication politique ou révélant sa véritable nature.
Quant aux « grands candidats », pas de bouleversement.
François BAYROU est resté dans l’incantation.
Martine LE PEN est apparue égale à elle-même, c'est-à-dire que, comme dans les émissions précédentes, il manque quelque chose pour asseoir sa crédibilité au poste de Présidente de la République.
Jean-Luc MELENCHON fait du Jean-Luc MELENCHON désormais. Et c’est là que l’on voit que la magie d’une personnalité s’érode vite devant le petit écran. On n’est plus surpris, impressionné. Maintenant, on connait. Mais il est resté fidèle à lui-même.
François HOLLANDE joue toujours son rôle de potentiel président en incarnant l’autorité (par la voix, la posture physique et le positionnement au dessus de la mêlée) ce qui est conforme à sa stratégie. Mais évidemment, à la télévision, ça ne « crève pas l’écran ».
Et Nicolas SARKOZY – suis-je influencé - m’a paru parfait dans le rôle qu’il s’est fixé de Président sortant incarnant le sérieux, la rigueur et l’autorité. Mais cela sera-t-il suffisant pour convaincre les français. Sa stratégie est en tout cas cohérente : il peut séduire à droite et rassurer au centre, surtout lorsqu’il avance le thème de l’unité nationale à mettre en œuvre s’il était élu.
Donc, un simple apéritif pour les « petits » candidats. Nous n’aurons ni le plat, ni le fromage et encore moins le dessert. Dommage. Et un simple assaisonnement des plats pour les « grands » candidats. Nous en avons bien retenu la saveur mais nous aurions aimé les goûter en même temps, sur la même table, pour faire la comparaison, si j’ose dire.
Il nous reste par conséquent à inventer un modèle de débat démocratique digne de ces élections présidentielles. Et je n’ai pas parlé de la radio et de la presse écrite, voire d’internet. Du pain sur la planche…
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 13 avril 2012