QUEL SERA NOTRE AVENIR, NON PAS DANS UN QUINQUENNAT, MAIS DANS CINQUANTE ANS ET PLUS !
La fin de campagne pour les élections présidentielles va donc permettre de donner la parole aux français pour choisir leur futur Président, et leur avenir.
Au préalable, juste un commentaire sur le choix de François BAYROU de voter, à titre personnel, pour François HOLLANDE, en laissant la liberté de choix à ses électeurs du premier tour. Il a choisi son camp, c’est son droit, mais en choisissant son camp, justement, il signifie que le Centre se referme sur un point, lui. Donc, c’est la fin d’une aventure personnelle, me semble-t-il.
Si Jacques CHEMINADE aura plus marqué les esprits par sa vision d’exploration ou d’exploitation de l’univers, il a eu le mérite selon moi de mettre en exergue la nécessité, dans ces grandes occasions de débat, de fixer un cap à notre pays, pour en définir le type de société choisie, mais aussi les perspectives d’avenir à long terme de notre monde dans une dimension plus vaste par conséquent que celle de nos préoccupations quotidiennes, légitimes il va de soit. Je n’ai pas trouvé cette approche ridicule, bien au contraire. Et, pour tout dire, je trouve même triste et regrettable qu’elle ait fait l’objet de sarcasmes relayés par de nombreuses voix, en tout cas pour cette partie de ses propositions. Il est un peu facile de se moquer d’un esprit original, en rejetant tout en bloc, de manière un peu simpliste.
Cela me permet de dresser un constat de cette campagne, très personnel j’en conviens. Je ne suis pas sûr que les français mesurent bien les enjeux du choix qu’ils vont faire dimanche en termes de projet de société. Mais je ne suis pas certain non plus que « nous » leur en ayons donné suffisamment les moyens, c'est-à-dire ceux dont c’est la mission de procurer les éléments de compréhension de l’évolution de notre société et de notre monde, et ceux dont c’est le devoir de relayer comme il conviendrait ces grandes perspectives d’évolution. Même si je ne conteste pas l’effort manifeste engagé ici ou là dans ce but.
Alfred SAUVY, le grand Alfred SAUVY, nous a alertés pendant de nombreuses années sur la question démographique. Sa pensée se projetait comme il se doit en la matière dans les décennies à venir, voire, à l’échelle du siècle. Il me semblerait urgent et vital d’offrir à nos concitoyens le champ des réflexions qui s’offrent à nous déjà, pour anticiper ce que serait notre avenir d’ici cinquante ans par exemple, pour notre monde, pour notre continent européen et pour notre pays. C’est possible, même si c’est aléatoire et amendable au fur et à mesure du temps qui passe, et ce n’est pas déconnecté de la réalité, loin s’en faut, si l’on veut bien se donner la peine de comprendre les enjeux, les défis qui sont devant nous. Et ce n’est qu’à partir de là que l’on peut proposer des choix de société qui seraient, pour le coup, mieux compréhensibles pour un public dont ce n’est pas la préoccupation immédiate mais qui peut tout à fait se faire une opinion si la pédagogie est au rendez-vous de cet éclairage, de cette mise en perspective.
Je me demande au fond de moi-même si notre pays n’a pas perdu une partie de son « fight spirit » (on va traduire très librement, sa soif de conquête) après la première guerre mondiale. Les millions de morts et la hantise du « plus jamais ça » n’ont-ils pas d’ailleurs conduit à l’aveuglement des français lors de la signature des accords de Munich qui viendront couronner la politique de l’autruche de la France. Puisque l’on va pouvoir bientôt lire MEIN KAMPF autrement que sur internet, chacun, si cela est vraiment nécessaire, comprendra que tout était écrit… Et nous n’avons pas su ou plutôt pas voulu voir l’évidence.
Oui, je sais, on me rétorquera que, peut-être, j’exagère. Je n’en suis pas si sûr que cela et j’offre cette idée, sûrement pas si originale que cela ou isolée, au débat pour les spécialistes et les historiens notamment.
Aujourd’hui, et c’est là que je voulais en venir, vous l’avez compris, même si le parallèle va heurter certains, je crois que les français n’ont pas tous les éléments leur permettant d’apprécier toute la réalité de la situation et qu’on les encourage, en tout cas certains, à vouloir ignorer cette vérité. En consultant un sondage LH2/Yahoo que l’on a bien voulu me recommander, suite au débat de mercredi soir, j’ai constaté que François HOLLANDE avait été jugé le plus convaincant. Mais en décortiquant les réponses, en fait, on découvrait que c’est Nicolas SARKOZY qui apparaissait le plus convaincant dans la majorité des thèmes…, sauf dans les quelques thèmes liés à l’économie et surtout directement rattachés aux conséquences de la crise économique (pouvoir d’achat,…). Et j’ai alors compris que Nicolas SARKOZY n’était pas tant jugé sur son bilan que sur les dégâts causés par la crise, alors même que toutes les données statistiques montrent bien que la France s’en sort beaucoup mieux que les autres pays européens, à l’exception évidemment de l’Allemagne. Une évidence, me direz-vous. Nicolas SARKOZY a pourtant bien expliqué le rôle des réformes engagées par Gerhard SCHRÖDER, mais manifestement, son sort personnel l’emporte sur toute autre considération plus argumentée. C’est compréhensible mais c’est bien regrettable. Le message n’est pas passé. Pas encore ? N’épiloguons pas, les français le regretteront très vite si le programme de François HOLLANDE est mis en œuvre. Ce n’est pas Cassandre, c’est le résultat d’analyses faites par des experts bien plus compétents que moi. Les experts n’ont pas que des défauts. Ils ne doivent simplement pas faire la pluie et le beau temps car leurs réflexions doivent s’intégrer dans un espace plus vaste de réflexion, mais il ne faut pas rejeter les faits. Même si je n’ignore pas la position contraire d’autres experts. La fameuse bataille des experts…
Quel que soit le résultat, dimanche soir, cette ardente obligation s’imposera à nous, à moins que nous ne considérions notre démocratie que comme un système orienté en fonction des désirs de ceux qui détiennent le pouvoir d’influencer les opinions. Ce serait un triste constat. Et, je le dis clairement, cela pourrait être le moment de s’interroger sur la force de son sentiment d’appartenance à son pays, voire son souhait de poursuivre un combat qui s’avérerait vain, et une aventure collective ancienne, tant le côté irréversible des choix opérés finirait un jour par empêcher toute autre option…
Restons fidèle à l’exemple de Charles de Gaulle et son esprit de résistance, pour le moment…
Non, je ne veux pas noircir la situation. Je la décris telle que je la vois, telle que je la ressens. Et si je me trompe, je veux bien que l’on me le prouve car mon esprit reste rationnel même quand je me projette loin devant, vers ce que pourrait être notre avenir.
Pour élargir le débat, l’Homme est en capacité d’innover, de créer un monde nouveau, voire des êtres nouveaux. Il en a, et en aura de plus en plus le pouvoir. Je ne rentre pas dans le détail mais quelle devra être alors notre attitude ? L’empêcher ? On peut essayer mais on sait que, toujours, à terme, à moyen terme, ou à long terme, l’eau déborde du couvercle de la casserole. Alors, on peut retarder l’échéance pour mieux accompagner, préparer les esprits, orienter l’évolution que l’on ne pourra de toute façon jamais stopper. Cela demande de mettre à profit les immenses qualités intellectuelles de nos chercheurs, de nos philosophes,… et de s’atteler à la tâche pour imaginer le monde de demain que nous pourrons de toute façon construire, sauf catastrophe nous ramenant en arrière. Voilà le sens de l’histoire qui s’impose à nous mais que nous nous devons, avec toutes nos forces, infléchir en fonction de l’idée que nous nous faisons de l’Homme, de notre monde et de l’univers ; idée qui ne sera pas celle de nos futurs descendants, il faut en avoir conscience et être assez humbles pour accepter de penser le monde de demain en fonction du champ d’observation et de compréhension qui est le nôtre aujourd’hui.
C’est à cela aussi que doivent nous inviter nos futurs dirigeants politiques. Tenter de régler nos préoccupations quotidiennes en anticipant le cadre de vie du monde de demain pour mieux nous y préparer.
Cela me fait plaisir de terminer ces quelques interventions perdues dans le brouhaha de la campagne sur une note qui peut sembler un peu anxiogène mais en fait tellement porteuse d’espoir si on accepte d’ouvrir cet immense chantier, perpétuel, tous ensemble. J’avais prévenu, et c’est dans la charte de création de l’Alliance Républicaine De Progrès (ARDP), c’est bien ainsi que je me suis engagé en politique, pour aller de l’avant, jour après jour, en ayant en ligne de mire le but que se l’on fixe, à l’instant donné de cette vie-là.
Votre choix, notre choix collectif, sera ce qu’il sera. Il ne sera pas forcément le meilleur choix, mais c’est la suite des événements qui nous le démontrera de manière implacable. En tout cas, qu’il soit un choix raisonné. Pour ma part, ce sera le choix qui me semble le plus raisonnable, celui du projet de Nicolas SARKOZY.
A chacun désormais de choisir la France qu’il désire.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 4 mai 2012