MAIS QUE PEUT-ON FAIRE ?
Mais que peut-on faire pour s’en sortir ? Que peut-on faire pour retrouver l’espoir d’un chemin à suivre même si l’arrivée parait bien éloignée ? Que peut-on faire ?
Comme vous, je me suis posé la question et, comme vous j’imagine, je n’ai pas trouvé LA solution. Par contre, j’ai trouvé des obstacles dans ma quête de compréhension et de choix d’une solution qui me serait proposée. Comme je l’ai dit dans mon premier article annonçant la création de l’Alliance Républicaine De Progrès (ARDP), je n’étais satisfait ni par les uns ni par les autres car je trouvais que chacune des thèses avancées par les partis politiques présentaient selon moi des faiblesses. En d’autres termes, ou trop dirigistes-étatiques, ou trop confiants dans la régulation naturelle de l’économie par les acteurs économiques, avec souvent un manque de recul me semblait-il sur les expériences issues du passé ou mises en œuvre par d’autres pays.
Mais surtout, ce sont ces fameux obstacles qui ont finalement retenu mon attention. Car enfin, vous et moi, nous ne sommes pas en mesure d’approfondir nous-mêmes des pistes qui réclament non seulement une parfaite connaissance des mécanismes économiques mais, plus encore, une information précise sur la réalité de fonctionnement des outils économiques et de leur mise en œuvre par les différents acteurs économiques et institutions au niveau international, européen, national, régional, départemental et local.
Alors, spectateur, voire même spectateur engagé, certes, mais sans être, en tout cas pour le commun des mortels, en mesure de faire son choix politique dans un marché correctement achalandé où les produits seraient exposés de manière à pouvoir être jugés réellement.
Mais où veut-il en venir ? Simplement au constat suivant. Que les journalistes me pardonnent mais, malgré des efforts incontestables pour certaines émissions à la télévision et à la radio, et des analyses ou des tribunes dans la presse écrite de grande qualité, j’ai toujours l’impression qu’il ne nous est pas vraiment donné la possibilité d’avoir un exposé clair, complet et accessible des problématiques actuelles. Ainsi, celui qui se donne les moyens d’aller vérifier les contre-argumentaires portant sur telle ou telle position découvre bien vite que les propositions émises sont souvent présentées en fait de manière biaisée afin de faciliter l’émergence évidente de la solution finalement préconisée.
Par exemple, dans ces temps où de nombreuses voix s’élèvent, de gauche mais bien souvent aussi de droite, pour renforcer l’intervention publique dans notre pays, je veux rendre hommage ici au travail exceptionnel réalisé par quelques instituts indépendants, au nombre desquels je citerais l’IFRAP (Institut pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques Publiques) car je reconnais me référer souvent à leurs travaux pour avoir un éclairage moins habituel, ou moins politiquement correct, disons-le.
Et sur chaque sujet traité, que ce soit en matière de politique économique, de politique fiscale, de politique éducative..., leur exploration des chiffres et des réalités de terrain est tout à fait intéressante. Cela devrait même fournir matière à débat car il n’est pas dans mon intention ici de faire la propagande de tel ou tel institut ou de leurs idées mais de constater que les analyses développées par chacun d’entre eux mériteraient de se retrouver beaucoup plus sur la place publique / médiatique afin de permettre à chacun de se faire une idée plus précise de leurs arguments. Quel est le poids de la fiscalité, quels sont les lourdeurs de notre système éducatif, quels défauts affectent tel ou tel service public,… ?
J’ai la faiblesse de croire qu’en augmentant ainsi le niveau du débat porté à la connaissance du grand public, on favoriserait une meilleure compréhension des tenants et des aboutissants des programmes proposés par les partis politiques. Peut-être est-ce mon souci du débat d’idées argumenté mais le recours aux solutions séduisantes et pourtant réductrices s’en trouverait ainsi fragilisé.
Cela passe par une véritable ouverture d’esprit car, à l’inverse, je suis bien évidemment prêt à étudier et à entendre les critiques formulées par ceux qui prônent plus fortement le recours à l’intervention publique en dénonçant tel fait ou telle réalité constatée notamment sur le terrain de l’entreprise ou de la vie sociale.
Alors, de manière générale, évidemment, je crois que cela marginaliserait le recours au slogan qui frappe les esprits, facilement retenu et mille fois répété ensuite pour s’imposer dans le débat politique. Elevons notre exigence relative aux raisonnements invoqués à l’appui des solutions proposées. Encadrons le débat démocratique de manière à mettre en parallèle les arguments des uns et des autres. C’est le but que je souhaite me fixer à mon modeste niveau mais mon audience est infinitésimale. Puisse ma revendication être entendue par les voix autorisées, médiatiques, politiques, associatives, intellectuelles,… et reprise de telle manière que le plus grand nombre en profite et non une élite capable de venir boire aux bonnes sources.
Evitons ainsi les anathèmes dont on se rend compte tardivement qu’ils portaient souvent sur des idées qui, finalement, finissent par faire leur chemin…, mais combien de temps plus tard… Trop tard ?
Pour cela, acceptons d’aller peut-être un peu moins vite mais de mieux maîtriser sa route !
En effet, je fais partie de la génération Reagan / Thatcher, en tout cas pour ce qui me concerne en termes de maturité politique ou de majorité politique au sens civil du terme. C'est-à-dire, à très grands traits bien sûr, une époque suivant celle allant du début des années 70 jusqu’au début des années 80, où il fallait faire face à la crise pétrolière de 1973 venue interrompre le cycle des trente glorieuses qui, sur le plan économique, avait favorisé une vraie liberté de parcours professionnel (sans idéaliser bien entendu ; je ne sous-estime pas les pesanteurs qui ont aussi abouti à une volonté de s’émanciper… - ni les excès qui en découleront…). Cette génération politique arrivait au pouvoir au terme d’un cycle de forte emprise étatique visant à proposer des solutions économiques et permettre de franchir le cap des dégâts sociaux occasionnés par la crise. Ce tournant a donc marqué le grand souffle de la déréglementation, au moment où, paradoxalement, l’opposition socialo-communiste française, menottée par son programme commun, engageait une politique inverse…, mais c’est une autre histoire. Ce que je constate, c’est une réussite de ce mouvement de balancier qui s’est accompagné, grâce au succès économique qu’il a engendré, par un coup d’accélérateur des Etats-Unis en matière de course à l’armement avec pour objectif de faire décrocher l’Union soviétique dont le système économique, et idéologique, était à bout de souffle. La chute du mur de Berlin en sera le point culminant.
Beau succès qui pourtant cachait son revers de la médaille. Cette fièvre libérale, en emportant tout sur son passage, a aussi effacé les ressorts profonds de ce qui fabriquait nos Nations. Une internationalisation des échanges, une soif de l’argent, une fièvre du toujours plus et toujours plus grand,… effaçant ainsi nos repères vieux de quelques siècles qui aboutissaient à favoriser le progrès mais à un rythme soutenable. Tout allait désormais plus vite, trop vite, et… finalement, s’est révélé incontrôlable. Une Union européenne qui grossit telle la grenouille voulant ressembler au bœuf (les Etats-Unis). On en voit le résultat. Le mythe des nouveaux riches en quelque sorte qui vouent un culte au libre-échange face à l’émergence de pays ou d’empires qui n’en demandaient pas tant, forts de leur main d’œuvre à bon marché et de leur outil de production avec lesquels nos sociétés gonflées de droits sociaux progressivement acquis ne pouvaient rivaliser.
Mais sans nier les maux touchant certaines populations et que nous connaissons tous, malnutrition, pauvreté,…, force est de constater que notre monde se développe, que la production de richesses est partagée par de plus en plus d’Etats, que notre démographie mondiale a explosé,… Naïvement peut-être, il m’est difficile de considérer que tout cela est le signe d’un monde complètement malade. Mais ce qui est certain, pour revenir sur mes propos, c’est que la machine s’est emballée. Débridée, elle se comporte comme si elle ne tenait plus compte du sort de l’homme mais fonçait tel un bolide dont les freins auraient lâché. Dans le mur ?
Tout cela est bien connu me direz-vous ? Oui, j’en conviens. Je souhaitais juste vous faire part du point où j’en étais arrivé dans mes réflexions. En prenant la précaution de ne pas apparaître comme porteur de thèses fades, c'est-à-dire sans trancher, j’oserais quand même dire que la liberté économique a fait ses preuves mais que l’excès de liberté économique a aussi prouver ses limites. En disant cela, je reste prudent, car je me souviens de ces décennies passées en compagnie d’un FMI (Fonds Monétaire International) qui, avant d’être perçu positivement dans notre pays car dirigé par un homme politique de gauche (M. Dominique STRAUSS KAHN), était vivement conspué lors des pressions qu’il exerçait sur les pays à qui il prêtait des millions de dollars mais qui, finalement, arrivait à ses fins, à savoir la sortie de crise des pays aidés. Je concède volontiers qu’il faudrait certainement nuancer et approfondir ce sentiment mais c’est ce qu’il me reste de cette actualité relativement récente sur l’intervention du FMI.
En clair, ces fameux G20 qui parsèment désormais notre actualité, doublés des multiples organisations internationales, FMI, OMC (Organisation Mondiale du Commerce – dirigée par un socialiste également, M. Pascal LAMY),… ne pourraient-ils pas enfin déboucher sur un vrai courage politique. Maîtriser l’attelage ! Ce qui n’est bien entendu pas la dé-mondialisation, mais contrôler notre développement économique au risque d’aller moins vite.
Que cherchons-nous effectivement ? Quel est le sens de notre civilisation ? Quel est le sens de notre vie ? Je vous renvoie aux principes directeurs fondamentaux de l’ARDP exposés dans mon premier article publié sur le blog ; une civilisation qui ait du sens dans la recherche de la vérité sur notre existence grâce au progrès scientifique et technologique mais qui assure également, de manière concomitante, l’épanouissement humain.
A chacun, croyant ou non, de reconnaître que l’Homme doit accepter de maîtriser, dans une certaine part en tout cas, son destin. Les acteurs économiques doivent être libres d’agir dans le cadre défini par les Etats. Cela parait simple mais il me semble que cela résume bien ce que l’on pourrait attendre de ces grandes concertations internationales.
Notre espoir, même si celui-ci peut paraître naïf ou idéaliste, se résumerait par conséquent à deux points qui représentent les deux axes d’action que nos gouvernants devraient prendre en compte de manière volontariste et enfin efficace :
- Fixer le cap de la réorganisation économique du monde et du rôle des Etats dans ce cadre pour maîtriser notre développement afin qu’il soit soutenable – ou durable;
- Assurer la réelle confrontation des idées par un effort d’exigence des arguments proposés, hors de tout corset idéologique nous détournant des réalités.
Je reconnais que cela peut apparaître comme des vœux pieux mais je suis persuadé que ces deux principes pourraient contribuer à clarifier le débat et à mieux évaluer les propositions concrètes qui en résulteraient.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 6 octobre 2011