ET LA MAJORITE VISIBLE ...
A l'occasion de la sortie du livre de Christopher CALDWELL, "Une révolution sous nos yeux. Comment l'islam va transformer la France et l'Europe.", j'ai souhaité publier un article rédigé en mai dernier...
J'ai hésité quelques jours et je n'ai pas pu résister parce que je crois que le débat fait avancer les choses. Je veux vous parler de l'« affaire » de la Fédération Française de Football. Au-delà de l'aspect conjoncturel, cela pose je crois une vraie question, la question fondamentale en la matière, c'est-à-dire celle de la représentation que l'on se fait de notre société française, pour les uns et pour les autres, car à l'évidence des points de vue différents s'exprimeront en fonction de ses idées et, sans doute aussi, en fonction de ses origines.
Je passerai rapidement sur la question des binationaux, non pas qu'elle ne pose pas de problèmes mais elle ne s'inscrit pas directement dans cette réflexion. Néanmoins, nous est-il possible de dire, sans être un spécialiste, que s'il s'agit d'argent public, on peut légitimement attendre que la formation dispensée profite à des jeunes qui joueront plus tard sous nos couleurs. Et s'il s'agit d'argent privé, finalement, on peut aussi estimer que cette forme d'investissement vise des joueurs qui apporteront plus tard une contribution en retour se traduisant par leur engagement sportif profitant d'une certaine manière à cet investisseur. Ce qui m'intéresse le plus dans cette polémique, c'est la question de la couleur de peau des joueurs. Commençons par un peu de provocation. Il a été question ces dernières années de discrimination positive pour les minorités visibles et de la nécessité de s'assurer par ce biais une représentation conforme à l'état actuel de notre population, en termes d'origine, dans les entreprises, les emplois publics, les médias,... Ne revenons pas sur le débat consistant à porter une appréciation sur les avantages et les inconvénients d'une telle posture. Par contre, osons dire que dans cet esprit, il nous serait possible de revendiquer, inversement, pour la majorité visible, une représentation conforme à son implantation dans le pays... Provocation, un peu sans doute, mais finalement, cela va nous permettre de développer notre raisonnement.
Sauf erreur de ma part, je n'ai pas vu de commentaires dans la presse faisant part du fait qu'effectivement, ces derniers temps, l'équipe de France était majoritairement composée de noirs comme nous l'avons constaté dans les matchs internationaux. Phénomène assez unique car, sauf erreur de ma part, aucun autre pays ne présente une équipe qui ne correspond pas vraiment à la représentation que l'on se fait encore de notre pays. En clair, les équipes africaines sont majoritairement composées de noirs, les équipes nord-africaines d'arabes (j'emploie le terme volontairement car j'ai constaté, ce qui est normal, que les intellectuels arabes n'hésitaient pas dans leur propos à parler des arabes, sans que l'on y voit une connotation raciste ou péjorative), les équipes sud-américaines... Alors, bien entendu, on peut se référer aux équipes nord-américaines de basket qui sont composées de noirs en très grande majorité. Sans doute ou certainement parce que la constitution physique de certaines populations noires correspond bien aux critères de ce sport. D'une part, de tels critères pourraient-ils justifier pour le football une telle sélection ? D'autre part, devons-nous considérer que cette situation soit transposable … dès à présent dans notre pays ?
Allons plus loin. Je suis moi-même français, blanc, et d'une génération qui n'a pas ou peu été confrontée à un mélange de populations en termes de couleur de peau. Pour parler football, mon imaginaire, même s'il a évolué depuis je vous rassure, s'inscrit dans la glorieuse époque des verts de Saint-Etienne. A chacun ses héros, et pour le footballeur que j'étais et qui évoluait dans un club, ils faisaient battre mon cœur. Ce qui ne m'empêchait pas de soutenir moralement un Marius TRESOR, en équipe de France (seul joueur noir a l'époque), quand s'approchaient les adversaires balle au pied. Et pourtant, aujourd'hui, j'avoue volontiers que je trouve qu'il y a trop de joueurs noirs dans l'équipe de France, et quand ils ne sont pas noirs, arabes, mais, désormais, rarement blancs.
Suis-je raciste ? C'est la question que je me suis posé. D'une part, je ne le pense pas car Ia fréquentation dans ma vie de personnes de toute couleur de peau m'a amené à constater que ma sympathie envers untel ou untel dépendait de ses qualités, selon mes critères d'appréciation, et non pas du piment plus ou moins foncé ou coloré de sa peau. Et, d'autre part, dans notre société actuelle où il faut toujours se justifier pour espérer être entendu, je me sens presque obligé de faire référence à un aspect plus personnel de ma vie. Le mari de ma tante, décédé aujourd'hui, était sénégalais, d'un noir ébène qui m'impressionnait lorsque j’étais enfant. C'était un homme doté d'une grande intelligence et qui m'a toujours témoigné beaucoup de gentillesse. Autant vous dire que pour moi, c'était mon oncle, un oncle noir, voilà tout. Ai-je besoin de dire que j'avais autant d'affection pour ma cousine et mon cousin « café au lait » (a-t-on encore le droit d'utiliser cette expression...) que pour mes autres cousins. Et pourtant, oui, dans la représentation que je me fais de mon pays et des français, effectivement, j'ai comme référence une population blanche en majorité. Et j'accepte le développement de notre société qui, par le jeu des migrations successives, a vu évoluer la répartition des populations Ia composant, aux couleurs de peau différentes.
Je trouve que nous posons là le vrai débat qui ne peut pas se satisfaire de quelques déclarations gouvernementales faciles ou de postures démagogiques pour crier au scandale. Une vraie question se pose a nous, français, blancs dirons-nous. J'imagine que si elle se pose aussi, ce n'est pas tout a fait dans les mêmes termes pour d'autres français qui ne sont pas à l'image des français tels qu'ils ont constitué la France depuis des siècles et des siècles, alors même d'ailleurs qu'elle n'était pas encore Ia France. Comme disait de gaulle, nous sommes un pays de race blanche. C'était plus qu'un constat, c'était l'idée qu'il se faisait de Ia France. Mais justement, quarante à cinquante ans plus tard, les mouvements de populations ayant bousculé ce profil de la France, comment nous situons-nous par rapport a cette mutation ?
Autant dire, et cela donnera peut-être des arguments à certains pour classer promptement mes propos dans la « case indigeste », que je suis très critique, c'est peu de le dire, vis-à-vis des politiques menées depuis des décennies, laissant prospérer une immigration trop rapide qui produit les conséquences attendues et pronostiquées, surtout quand l'immigration clandestine a été encouragée comme elle l'a été. L'irresponsabilité des uns le cédant à l'hypocrisie des autres tandis que le courage d'une analyse lucide aboutissant à endiguer ces flux se faisait attendre ou espérer. Cela ne fait pas de moi un être insensible qui n'est pas touché par Ia détresse ou l'espoir de ceux qui rejoignent notre sol. Mais l'Etat a pour rôle de transcender les appréciations individuelles et les tentations naturelles et légitimes, lorsqu'elles ne sont pas instrumentalisées, d'aider l'autre, pour appliquer une politique qui s'inscrit dans le cadre d’une analyse plus lucide, et certes plus froide, que ne saurait le faire chaque individu pris isolement. Soyons clairs, l'harmonie d'une Nation, sans être idéalisée car notre histoire ne plaide pas en faveur d'un temps passé idyllique, l'harmonie d'une Nation s'appuie sur une proximité de culture qui permet de vivre ensemble. La France a largement montré ses capacités d'assimilation des nouveaux venus. Ce qui n'empêchait pas pour eux d'entretenir cette petite flamme alimentée par les souvenirs.
Tout en restant conscient qu'un brassage des populations peut-être considéré comme une évolution naturelle consécutive aux mouvements de population qui caractérisent notre monde moderne, je crois que le temps est le seul paramètre invariable qui garantira l'équilibre de notre pays, ou d'autres pays d'ailleurs. Qu'il nous soit permis de dire ici tout de même que l'exigence qui est attendue de nous, européens de « souche » (tout le monde comprendra plus facilement) ne se retrouve pas à travers tous les pays du monde, loin s'en faut... Alors, un peu de tolérance aussi pour nos vieux peuples qui ne sont vieux que par l'histoire mais qui sont jeunes à chaque génération. Chaque vie est une nouvelle vie qui commence, prenant racine dans le passé, mais s'élançant avec fougue pour construire l'avenir.
Alors, je crois que l'on peut trouver, lorsque l'on est comme moi, et c'est tout de même faut-il le répéter la majorité visible, qu'il y a trop de noirs dans l’équipe française de football comme on pourrait dire qu'il y a aurait trop d'arabes, ou trop d'asiatiques si tel était le cas. Ce n'est pas simpliste ou raciste de faire ce constat. Mais je reconnais que cela soulève une vraie réflexion et que c'est une très forte interpellation qui appelle encore une fois un débat qui dépasse les prises de position faciles qu'il m'a été donné d'entendre jusqu'à ce jour.
A ce titre, on peut comprendre, ou en tout cas en discuter, sans faire l'objet d'une mise à mort médiatique, un échange sur des conditions qui permettraient d'assurer un meilleur équilibre entre les joueurs évoluant dans le monde professionnel du football si l'on considère que la sélection opérée par les centres de formation de ces futurs footballeurs aboutit à privilégier les caractères athlétiques, que l'on ne peut pas contester aux noirs souvent, aux critères plus liés à l'agilité par exemple, ou d'autres encore.
N'étant pas en reste d'une provocation, mais en est-ce vraiment une, il me semble que la question des quotas de femmes dans les conseils d'administration de grandes sociétés à fait l'objet d'une actualité récente. De même, certains s'interrogent sur le fait de savoir comment minimiser la très forte féminisation du corps professoral dans l'enseignement qui pourrait contribuer à constituer pour l'enfant un cadre d'apprentissage non représentatif de la société dans laquelle il sera amené à évoluer. N'a-t-on pas parlé aussi d'un constat de féminisation marquée dans la magistrature. Bref, vous l'avez compris, ce n'est pas si simple.
Je ne sais pas si j'ai été bien compris. Et j'espère que cette pensée unique ou isolée pour le moment, nouvelle forme de pensée unique mais au sens propre cette fois, donnera l'occasion à ceux qui se permettent encore de s'exprimer de le faire. Je comprends que la restriction de liberté de parole inouïe dont nous sommes l'objet, et que rappellent certaines condamnations récentes de journalistes qui se souviennent encore que nous sommes au pays de Descartes, limite les interventions dans le débat actuel mais il est temps je crois aussi d'affronter cette situation, peut-être en souvenir de ceux qui ont vraiment souffert dans notre histoire pour défendre notre pays et notre liberté de pensée et de parole.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 4 mai 2011