ET SI JEAN-LUC MELENCHON, FRANCOIS BAYROU ET MARINE LE PEN AVAIENT INTERET A JOUER LA CARTE SARKOZY PLUTOT QUE LA CARTE HOLLANDE ?!
Et si, au lieu de se focaliser sur le Front National qui miserait sur l’implosion de la Droite, nous nous interrogions sur les avantages que pourraient retirer Jean-Luc MELENCHON et François BAYROU de l’implosion de la Gauche que pourrait provoquer l’élection de Nicolas SARKOZY ; Marine LE PEN pouvant elle aussi bénéficier de cette victoire.
Allez, suivez-moi et faisons ensemble un peu de politique-fiction !
En effet, a contrario, si François HOLLANDE était élu, on peut envisager le pire face à la crise économique qui risque de redoubler d’intensité. L’application de son programme électoral le mènera droit dans le mur. François HOLLANDE risque tout simplement de se faire massacrer, en termes sportifs, et la France avec, ainsi que les français par ricochet. Mais, paradoxalement, sans être cynique, la Droite pourrait alors disposer des quelques mois nécessaires, voire années, pour reconstituer ses forces, en rassemblant l’ensemble de ses composantes et, sans doute, en durcissant ses positions, réduisant ainsi l’essor du Front National ; le Centre de François BAYROU restant quant à lui sous le choc de son échec dans sa tentative d’incarner l’alternance politique. L’alternance est encore passée d’une rive à l’autre, au-dessus de lui.
Les futures échéances électorales, locales ou nationales, permettraient ainsi à la Droite de prendre sa revanche et de s’imposer, tandis que la Gauche, au pouvoir, serait progressivement laminée, n’offrant au Front de Gauche que peu d’espoir de résister à ce ressac, associé qu’il serait malgré tout à l’image de la Gauche au pouvoir.
Par contre, en cas de victoire de Nicolas SARKOZY, bien évidemment, il devra également affronter le déferlement des effets négatifs de la crise qui s’annonce et mener avec les autres pays européens des politiques drastiques en termes de réduction des déficits et de baisse des dépenses publiques notamment. Il devra donc faire face à l’impopularité des mesures prises et subir sans doute une nouvelle baisse d’opinions favorables. Mais il bénéficiera alors encore de l’échec de François HOLLANDE qui aura considérablement fragilisé le Parti socialiste et qui aura, par conséquent, toutes les chances d’être KO par terre pour un bon moment.
Face à « l’épouvantail SARKOZY », le Front de Gauche aura par contre beau jeu d’emporter la mise en dénonçant la politique suivie et s’employer à séduire les français souffrant des effets immédiats de la crise. N’a-t-il pas d’ailleurs annoncé clairement que, même en cas de succès de François HOLLANDE, il s’engagerait pour porter un jour le Front de Gauche à la victoire, « dans les dix ans ». Son ardeur avec un Nicolas SARKOZY président n’en serait que décuplée.
De même, François BAYROU, dans l’hypothèse d’une victoire de Nicolas SARKOZY, et donc d’un découragement du Parti socialiste comme on vient de la dire, pourrait relancer son idée que c’est au Centre qu’il faut désormais assurer la recomposition des forces politiques, quitte à en passer par un gouvernement d’Union Nationale qu’il se ferait fort alors de constituer bien entendu.
Nicolas SARKOZY, détenteur d’un second et dernier mandat, ne serait plus alors dans la course, et les conséquences des mesures décidées pour surmonter la crise pourraient fragiliser effectivement la Droite en ce qui concerne les futures échéances électorales.
Tout comme Marine LE PEN qui, dans ce nouvel espace se profilant au Centre, et compte tenu d’une Droite soumise à un risque d’érosion de ses soutiens populaires, pourrait elle aussi s’engouffrer dans la brèche pour séduire les déçus de la Droite rétifs à l’idée d’une force centrale mordant sur le Centre-Droite et le Centre-Gauche.
C’est donc bien Jean-Luc MELENCHON, François BAYROU et Marine LE PEN qui pourraient avoir finalement le plus intérêt à une victoire de Nicolas SARKOZY pour conforter dans les années qui viennent leur place sur l’échiquier politique.
Mais comment faire pencher la balance du bon côté, sans le dire ouvertement ?
Jean-Luc MELENCHON, en conservant une totale autonomie dans cette campagne du second tour, marque déjà sa différence avec le Pari socialiste, voire sa défiance. L’inimitié entre François HOLLANDE et lui-même n’est d’ailleurs un secret pour personne. En axant nettement son discours sur ses propres propositions à défendre, il pourrait aisément dissuader certains de ses électeurs qui ne trouveraient pas leur compte dans le programme socialiste de voter François HOLLANDE.
François BAYROU, après cette rude rétrogradation dans le bas de tableau, et n’ayant pas su trouver les arguments clairs qui auraient pu convaincre le cas échéant les français, pourrait ne pas prendre position en dénonçant le programme économique du candidat HOLLANDE et en dénonçant le positionnement trop droitier du candidat SARKOZY. En votant blanc, au Centre (!), et en laissant leur liberté de vote à ses électeurs, il confirmerait son indépendance et sa déception face à l’alternative qui est désormais proposée aux français.
Quant à Marine LE PEN, dans la mesure où ses candidats ne feraient pas l’objet d’un vote hostile encouragé par l’UMP (en acceptant de reconnaître la liberté de choix par exemple) en cas de duel au second tour des élections législatives d’un de ses candidats resté seul au second tour face à un candidat de Gauche, elle pourrait aussi laisser libre de leur vote les électeurs qui se sont portés sur son nom au premier tour de l’élection présidentielle, en rappelant l’importance de cette avancée qui pourrait permettre, après tout légitimement compte tenu de son audience, à son parti d’obtenir quelques députés à l’Assemblée Nationale dans le cadre du scrutin actuel.
C’est ainsi que l’on pourrait écrire l’histoire de la vie politique française en cas de victoire de Nicolas SARKOZY.
Et après tout, pourquoi pas ?
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 28 avril 2012