AVIS DE TEMPÊTE SUR L’« ELOGE LITTERAIRE D’ANDERS BREIVIK » DE RICHARD MILLET
Dans un réflexe quasi pavlovien, découvrant l’anathème jeté par notre intelligentsia politiquement bien identifiée sur l’essai publié par Richard MILLET, « Eloge littéraire d’Anders BREIVIK », je me suis précipité dans ma librairie pour commander le livre !
Frustré, à l’époque de ce drame sanglant de juillet 2011 commis en Norvège, par le manque d’analyse lucide sur ce qui avait poussé un homme à agir de la sorte dans son pays, et déçu depuis par le peu de réflexion engagée, à ma connaissance, sur l’explication d’un tel geste, y compris lors du récent procès d’Anders BREIVIK, ma curiosité a été aussitôt excitée par ce titre. En fait, peut-être par paresse, je ne m’étais pas donné la peine de lire ses écrits (1 500 pages publiées sur internet), n’étant d’ailleurs pas certain aujourd’hui qu’ils aient été traduits en français ! Alors, ce titre, « Eloge littéraire », sous-entendait pour moi que l’on allait peut-être avoir une analyse plus fine de la pensée politique de cet homme.
Disons-le tout de suite, cette agitation médiatique m’a incité à lire directement cet essai très court qui suivait « Langue fantôme », constituant en fait le corps du livre ; à vrai dire, comme la présentation nous le montre clairement, cet « Eloge littéraire » vient à la suite, en II, de cet essai sur la littérature, présenté en I. Et cela change tout. En effet, à la première lecture de l’ « Eloge littéraire d’Anders BREIVIK », d’un style difficile au premier abord, j’ai clairement senti qu’il me manquait des clés de lecture, des codes conceptuels auxquels l’auteur, Richard MILLET, se référait manifestement. J’ai donc entrepris la lecture du premier volet de ce livre pour m’en assurer. Et là, l’évidence m’est apparue. Evidemment, même si ce choix de mettre en exergue de son raisonnement l’exemple d’Anders BREIVIK peut en étonner certains, il s’agissait bien de poursuivre cette pensée explicitée en première partie, en fait en partie principale, par une illustration marquante. L’action, pour Richard MILLET étant littérature également dans certaines conditions ; signature même précise-t-il en l’espèce pour qualifier le geste d’Anders BREIVIK, qu’il dénonce fortement tout en considérant que cet homme était tout à la fois victime (de l’évolution de la situation de son pays face à l’immigration le poussant à commettre un tel acte) et bourreau (des 77 victimes).
Alors, quand j’entends ses détracteurs s’insurger contre cet essai, sans avoir lu l’intégralité du texte j’imagine pour certains d’entre eux comme d’habitude, je tousse, mais quand je subodore que ces juges littéraires ne se sont même pas donné la peine de lire l’intégralité du livre pour comprendre le sens de la pensée de Richard MILLET, j’étouffe. Bien entendu, je reconnais à tous le droit d’émettre des critiques, mais de là à vouloir excommunier un écrivain au seul motif qu’il ne répond pas aux codes de la pensée autorisée, il y a un gouffre.
Pour tout lecteur attentif, un peu averti des maux de notre société, de notre civilisation, il est aisé de voir dans cet essai une grande marque de souffrance personnelle de l’auteur, sans doute de détresse. L’écrivain, en dénonçant le déclin de la littérature française, du roman, s’en prend aux racines de ce déclin qui vont du développement de l’inculture aux méfaits du multiculturalisme en passant par l’identification des promoteurs de ce crime contre notre civilisation, c’est-à-dire l’élan gauchiste issu des événements de mai 1968 mais aussi les excès du capitalisme dont la responsabilité reviendrait à l’américanisation de notre monde daté du plan Marshall et aboutissant à une culture anglicisée ayant notamment appauvri la littérature française, en dehors de quelques écrivains. Voilà ce que je retire, sans doute imparfaitement et trop brièvement formulé, de la lecture de ce livre. Et, effectivement, l’exemple d’Anders BREIVIK, de ses écrits, vient alimenter le propos de l’auteur pour étayer sa démonstration, et témoigner d’ailleurs du côté provocateur de ce titre ainsi que le suggère le jugement globalement critique qu’il formule justement à l’encontre de ces 1 500 pages diffusées sur internet.
Vous aurez compris que les médias et notre élite intellectuelle et littéraire ne sont pas épargnés par cette mise en accusation tous azimuts d’un monde qui, en ayant tourné en fait le dos à ses repères chrétiens, court à sa perte selon Richard MILLET.
Alors, comme d’habitude, si je prends la plume, c’est encore une fois, pour défendre cette sacro-sainte liberté d’expression. Richard MILLET peut choquer par la rudesse de ses propos et, surtout, dans nos conventions politiquement correctes imposées par nos censeurs autoproclamés, étonner par le caractère direct de ses accusations. Il aurait été plus intelligent pour ses détracteurs, et plus loyal, de venir le contredire sur le terrain des idées et non de la mise au ban de la société pour « crime de lèse pensée autorisée ».
Pourtant, l’idée du multiculturalisme au sein d’un même pays ne remporte pas nécessairement l’adhésion de tous. Est-il encore possible de le penser et de le dire ? Les responsables d’une sorte de déclin de notre civilisation peuvent également être dénoncés. C’est la responsabilité de l’auteur que de le croire et de l’affirmer. Mais au nom de quoi ne pourrait-il pas s’exprimer de la sorte dans un livre que personne n’est obligé d’acheter. Le livre est encore ce mode d’expression qui engage une démarche volontaire de celui qui veut en prendre connaissance. Il ne s’impose à vous d’aucune manière.
Voilà donc ma version des faits dans le cadre de ce procès. Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, à la lumière de la lecture de cet essai et de ce que j’en ai retenu. En ai-je encore le droit ? Pas de quoi lancer un avis de tempête en tout cas. Mais, par contre, réfléchissons ensemble, estimez-vous en l’occurrence avoir eu tous les éléments d’information sur ce drame qui s’est joué en Norvège ? N’est-il pas temps, plus que temps diraient certains si ce n’est trop tard, de poser les questions qui dérangent sur les bouleversements fondamentaux de notre société, et donc de notre civilisation, engagés depuis une quarantaine d’années en France, et en Europe. Le temps du débat ouvert, démocratique, franc, n’est-il pas venu ? Où attendez-vous que d’autres actions violentes viennent éclairer l’urgence de cette prise de conscience pour décider de notre avenir.
Comment serons-nous jugés par les générations à venir et quel verdict serait rendu par les générations passées qui ont souffert ou donner leur vie pour défendre notre liberté ?
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 14 septembre 2012