A LA RECHERCHE DU BUT POURSUIVI !
Le débat commence mal ou en tout cas en oubliant une étape fondamentale. En effet, la politique consiste à définir un modèle de société et ensuite à déterminer les moyens de parvenir à le mettre en œuvre dans la pratique. Bref, il s’agir de fixer un but et ensuite d’identifier les moyens adéquats afin de parvenir à ce but…
Or, je constate - enfin, c’est mon sentiment - que nos candidats ont oublié cette première étape fondamentale pour se concentrer sur les voies et moyens envisagés pour sortir notre pays de ses difficultés budgétaires, économiques et sociales qu’il traverse actuellement. Nous sommes rentrés dans un match où chacun s’envoie à la figure ses solutions, forcément les meilleures. J’aurai l’occasion de donner mon humble avis sur les mesures proposées par les uns et les autres, car je ne renvoie pas chacun dans son camp considérant que tout cela se vaut. Non, loin s’en faut. Mais je voudrais revenir ici sur ce postulat de base qui doit nous interroger. Quelle société voulons-nous ? A partir de là, il sera plus facile de juger en fonction du projet de société qui est proposé. Quels sont les candidats qui proposent une feuille de route qui permette d’y parvenir.
Eh oui, dans quelle société souhaiterions-nous vivre ou en tout cas, vers quelle société devrions-nous tendre ? Telle est la question première.
Pourquoi ? Tout simplement parce que j’assiste à un spectacle un peu navrant où j’ai l’impression que personne ne se demande si nous ne nous enfonçons pas dans un modèle de société qui s’éloigne de nos idéaux. Pour ma part, sur un plan matérialiste envisagé ici, j’aspire à vivre dans une société dans laquelle on recherche la prospérité à travers un modèle économique adapté. Rechercher la prospérité de notre pays, et bien entendu de ses habitants, revient à définir les règles économiques qui favoriseront l’initiative individuelle, la création de richesses et, bien entendu, une bonne administration de l’Etat dont l’objet premier est d’assurer que le cadre d’intervention est respecté et que tous les individus bénéficient d’un traitement leur permettant une vie digne de ce nom.
Une fois que j’ai dit cela, vous me direz que tout le monde ne peut-être que d’accord. Pourtant, ce n’est pas ce que je constate dans les mesures proposées pour parvenir à ce but. Je vois surtout une multiplication de mesures pour récupérer de l’argent auprès des uns afin de pouvoir mettre en place les dispositifs de redistribution auprès des autres. J’aimerais que l’on cherche plutôt à permettre à tous, ou en tout cas au plus grand nombre, de gagner sa vie de manière à consommer les biens et les services proposés dans le pays sans avoir besoin d’une assistance permanente. Cela veut dire, pour prendre un exemple symbolique, ne pas toujours raisonner en nombre de logements sociaux et en mesures coercitives pour imposer des pourcentages de logements sociaux mais assurer les conditions économiques permettant à chacun de se loger où il le souhaite et dans l’appartement qui correspond à ses moyens.
Je demande que l’on y réfléchisse un tout petit peu. Cet exemple pourrait être décliné dans de multiples situations et doit permettre de se poser la question ensuite devant toute mesure proposée. Est-on en train de complexifier un système pour intervenir en faveur des uns, puis des autres, enfin de nouveau des premiers,… Ou ne peut-on pas réfléchir au meilleur moyen d’éviter que cette intervention soit nécessaire en créant les conditions d’un développement économique capable de permettre aux citoyens de vivre sans cette éternelle assistance qui prend des formes diverses et variées, pour ne pas dire infinies tant les unes et les autres appellent nécessairement des correctifs, lesquels entraînent de nouveaux aménagements,...
Je sais bien que certains pourraient caricaturer ma pensée en considérant qu’il s’agit là d’une vision libérale, voire ultra-libérale. Cela m’est parfaitement égal. En fait, l’idéologie ne fait pas partie de mon vocabulaire. Ma perception du sens profond de la vie et l’approche en même temps rationnelle de mon mode de raisonnement m’en éloignent bien heureusement. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt de convenir tous ensemble que ce modèle de société nous rassemble, pour autant qu’effectivement il nous rassemble, c’est-à-dire qu’il ne prend pas la voie d’un modèle collectiviste qui finit par s’effondrer telle une termitière ancienne. A partir de là, les voies et moyens pour y parvenir peuvent certes diverger. Mais notre jugement se fera en fonction de ce critère. Nous donnons-nous véritablement les moyens de bâtir une société de liberté et d’initiative ou entrons-nous dans un modèle contraignant qui se complexifie pour finir par devenir inopérant.
Voilà mon appel pour que cette campagne électorale qui s’engage permette de bien définir cette première étape et pour qu’ensuite nos candidats puissent nous prouver comment ils se proposent de parvenir au but défini. Sachant que d’autres modèles de société, et on le sait bien, peuvent être défendus par certains candidats. Qu’ils nous le disent pour la clarté du débat. A eux alors de convaincre les français que ce modèle est le bon et que leurs propositions permettent de le mettre en œuvre et de le faire perdurer…
Autant dire que depuis plusieurs décennies, je crois constater une fuite en avant vers cette complexification que je dénonçais dans mon précédent article.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 29 janvier 2012