JESUS FAIT TOUJOURS AUTANT VENDRE !
Constat récurrent depuis le livre DA VINCI CODE, notamment évidemment car le phénomène ne date pas d’hier, on sait qu’au-delà de l’intérêt pour Jésus, certains l’utilisent afin de faire des succès de librairie à bon compte. Que ce soit par le pouvoir de l’imagination ou par des artifices d’interprétation, chacun surfe sur la vague de Jésus, qui n’est pas la vie, la voie, le chemin que l’on aurait pu imaginer mais un moyen encore une fois d’obtenir un succès d’audience.
Alors quand L’EXPRESS se fait l’écho du livre de Reza ASLAN, « Le zélote », en feignant de croire à une découverte originale, on imagine bien qu’il s’agit de faire vendre un peu plus d’exemplaires de son numéro, PAQUES approchant... Cela ne trompe personne surtout quand l’article démontre lui-même l’inanité de la thèse, réchauffée périodiquement et enterrée aussitôt, doublé par l’interview d’un théologien, Olivier-Thomas VENARD pour ne pas le nommer, qui fait honneur aux exégètes bibliques lesquels m’étonnent toujours par la culture immense dont ils font preuve. La technique est toujours la même, sortir une phrase de son contexte et ensuite tout construire autour de celle-ci ou celles-ci pour défendre une thèse préconçue. C’est la différence entre celui qui sait replacer les éléments dans leur contexte et conserver une approche globale tout en allant dans le détail pour explorer la réalité des paroles prononcées et dégager la signification que l’on peut en tirer.
Bref, vous avez compris que nous touchons là un mal, de manière générale, qui ronge nos sociétés contemporaines où, en s’appuyant sur des médias peu regardants, chacun peut faire prendre des vessies pour des lanternes avec un peu de savoir-faire.
L’actualité est souvent traitée de cette manière d’ailleurs, surtout dans les médias audiovisuels. Il suffit de trouver celui qui va abonder dans votre sens lors d’une interview. Par exemple, lors d’une grève des transports, si le journaliste souhaite légitimer les grévistes, nous allons découvrir le voyageur qui comprend bien le geste de ces grévistes et qui en accepte les conséquences… Le tour est joué. On pourrait multiplier ces exemples à l’infini. C’est facile et après tout on ne risque rien… sauf au moment des élections lorsque les électeurs sont interviewés dans les urnes par le biais de leur bulletin de vote et font connaître leur véritable opinion ! Seuls ceux qui manipulent l’opinion publique sont surpris à force de croire eux-mêmes à leurs boniments mais ceux qui vivent au quotidien les problèmes des français sont enfin confortés dans leurs sentiments et surtout encouragés à conserver une analyse objective, c’est-à-dire en tout cas fondée sur la réalité de leur vécu et de leurs constats.
Pour revenir à Jésus, je voudrais juste témoigner d’une démarche qui n’écarte pas la remise en cause des idées acquises. Lorsque je me permets de dénoncer une thèse présentée comme originale alors qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, cela ne veut pas dire qu’il faut cesser d’interroger nos connaissances. Je l’ai fait à mon modeste niveau, que ce soit sur Jésus, mais aussi sur Mahomet même si dans ce dernier-cas, ma culture est moins étendue.
Et dans ce registre, je ne m’interdis aucun questionnement au risque de heurter les croyants. Concernant les évangiles par exemple, comme je l’ai déjà mentionné dans mes articles, je reste surpris que le cœur des évangiles ne tourne pas autour du témoignage de Jésus ressuscité, assailli alors de questions par ses apôtres voulant tout savoir sur une expérience aussi extraordinaire. A moins que… De même, lorsque Lazare est ressuscité, il n’apparait plus et personne n’a l’idée de lui poser des questions sur son incroyable voyage au-delà de la mort… et son retour. Mille questions me viendraient à l’esprit. A moins que… De même encore, ceux qui bénéficient d’un miracle n’apparaissent plus dans l’histoire des évangiles alors que l’on imagine bien qu’ils auraient pu être les témoins vivants auprès de Jésus pour prouver ses dons. A moins que… Mais j’attends les réponses également !
Ce que je veux dire, c’est que comme en politique, tout sujet mérite une approche objective, rationnelle, afin d’explorer la vérité des choses.
C’est ainsi, de même, qu’en matière scientifique, je n’écarte aucune possibilité relative à tel ou tel phénomène, même en l’absence de preuves. Un simple constat, même surprenant, dérangeant, est parfois déjà un pas vers la vérité. Nous savons de plus en plus que nos connaissances actuelles sont tellement limitées que nous devons accepter de ne pas comprendre, sans rejeter d’office tel ou tel fait ou phénomène.
C’est ainsi que nous pouvons progresser dans la recherche de la vérité.
C’est un peu une obsession pour moi. Il nous faut préserver cette capacité à découvrir la vérité même si cela remet en cause des idées reçues, et surtout lorsqu’elles émanent de gardiens de telle ou telle religion qui veulent préserver leur fonds de commerce et garder sous leur emprise leurs … brebis.
Encore une fois, je prêche pour que cela soit notre obsession à tous, en tout cas le plus grand nombre, car l’évolution, voire même la préservation de notre civilisation, est à ce prix.
Que l’on nous protège donc de l’obscurantisme sous toutes ses formes… et des mensonges entretenus ! Ce doit être l’ardente obligation de notre République, de notre démocratie.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 13 avril 2014