QUE VIVE LE DEBAT !
« Vive la crise » avait dit Yves MONTAND voici plusieurs décennies, pour nous inciter à savoir positiver lorsque les choses vont mal et trouver en nous-même les ressources nécessaires afin de proposer des solutions. Pour cela rien de tel qu’un débat franc et massif, au sens diversifié. Le début de cette campagne présidentielle nous permet d’identifier les vraies oppositions entre les uns et les autres et de sortir de ce no man’s land dans lequel il est parfois tentant de se réfugier pour refuser de choisir et surtout nier la réalité des différences d’options politiques.
A mes enfants qui me disent d’un air entendu « Ah la politique », j’aimerais leur dire que la politique ce n’est pas, ou pas seulement en tout cas, cet écume médiatique des petites phrases à l’emporte-pièce et ces postures simplistes, c’est bien au contraire la construction de la société dans laquelle nous voulons vivre et dans laquelle nous allons vivre en fonction de ceux qui seront ou non au pouvoir. Comment leur faire comprendre que leur quotidien est régi d’une manière ou d’une autre par les décisions qui sont prises par le pouvoir politique.
Alors, que vive le débat pour que nous soient exposées les orientations et les propositions des uns et des autres. Et que la presse relaie avec efficacité et sans censure, volontairement ou sans s’en rendre compte, les expressions libres des uns et des autres.
Quel plaisir de sentir le vent gonfler les voiles de notre bateau « Démocratie » pour quelques mois. Il me semble tellement plus facile alors de pouvoir trouver sa place. On se sent vivre lorsque la nature se réveille. Quand je vois le programme du parti socialiste se profiler à l’horizon, je sais que mon cap ne se trouve pas là, loin s’en faut. Mais attendons que les candidats se dévoilent. Quel plaisir que ce premier tour qui nous permettra de choisir en toute conscience la voie qui nous semble la plus appropriée à nos souhaits et à nos espoirs.
A titre personnel, je souffre un peu car j’ai le sentiment que nos concitoyens n’ont toujours pas une claire idée du bilan de ces trente à quarante dernières années. J’appelle de mes vœux toutes celles et tous ceux qui interviennent dans le débat public pour faire éclater la vérité. A ce moment-là seulement, les français seront en mesure de juger et choisir. J’ai quelque espoir… Mais aussi quelques craintes.
Des espoirs car, par exemple, le procès de CARLOS nous a épargnés les sorties ridicules et honteuses de la gauche qui à l’époque de son interpellation s’était permise de se moquer de Charles PASQUA au motif qu’il s’agissait d’histoire ancienne. Les victimes avaient dû apprécier. Espoir, car je vois des sanctions plus lourdes tomber en matière de justice, y compris lorsqu’il s’agit d’un homme politique estimable (même si sa trajectoire politique en a déconcerté plus d’un…) mais dont chacun sait, en tout cas les observateurs avertis, qu’il était à l’origine d’un système sophistiqué qui a terni l’image de l’hôtel de ville de Paris de nombreuses années durant… Le fait que d’autres bords politiques y aient été associés ou aient fait de même dans d’autres parties du territoire ne constitue pas une excuse.
Mais crainte aussi quand je vois le parti-pris de certains journalistes qui s’étale parfois sans conscience déontologique et que je surprends certains approches dangereuses pour la perception que peuvent avoir les citoyens de notre système politique. Ainsi, cette manière désormais largement partagée d'aborder toute mesure prise par le gouvernement en se demandant quelle catégorie sociale est visée, sous-entendant que gouverner ne serait plus que cibler telle ou telle catégorie de population pour la séduire. Je ne suis pas naïf mais ne limitons tout de même pas l’action politique à de tels travers sinon rien ne sera plus possible, quels que soient d’ailleurs les futurs gouvernants en place.
Alors, « le vent se lève, il faut tenter de vivre » (« Le cimetière marin » de Paul VALERY)… !
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 18 décembre 2011