COMME UNE DICTATURE…
Comme une dictature, l’Etat décide d’interdire au citoyen de penser autre chose que ce qu’il impose de penser !
Est-ce un scenario d’une mauvaise fiction ou le film de la réalité se déroulant sous nos yeux ?
Non, c’est l’acte N, qui risque de s’écrire prochainement au parlement, d’une mauvaise série de lois qui empiètent sur la liberté d’opinion et donc la liberté de penser.
Soyons précis : réprimer pénalement la négation du génocide arménien tel que reconnu par l’Etat français revient à interdire de penser autrement et donc de penser tout court. C’est un signe évident d’une dérive vers la dictature. Oh oui, dictature soft me direz-vous mais tout début a une fin. Comment s’écrira la fin ? Si l’on suit la tendance, cela finira mal.
Entendons-nous bien, je considère personnellement que génocide arménien il y a eu, même s’il conviendrait de débattre du terme génocide en lui-même en précisant les actes d’extermination, le nombre de victimes pour chaque type d’acte et le degré d’élaboration d’un plan visant à éliminer la population arménienne dans son ensemble ce qui est un des critères me semble-t-il du génocide. J’irais plus loin en précisant que je suis hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne tout simplement parce qu’il ne s’agit pas d’un pays européen. Je suis par contre partisan d’une large union économique favorisant les relations géopolitiques avec ce grand pays. Mais, décidément, non, l’idée de ne plus pouvoir évoquer une idée contraire à la pensée étatique me heurte au plus haut point. Le débat nait justement de la possibilité de contredire l’autre, c’est même la base de l’altérité et donc de l’humanité et donc de notre civilisation.
La démocratie n’est pas le mode d’organisation politique le plus efficient car il doit prendre en compte l’avis de tous et l’on pourrait penser que les êtres les plus intelligents et les plus compétents pourraient définir pour tous le mode de fonctionnement de la société idéale. C’est ce que proposait l’idéal communiste, le « prolétariat » jouant le rôle de guide. Je n’ai pas souvenir d’une telle ambition revendiquée par Hitler qui, quant à lui, voulait seulement imposer son projet qu’il portait pour son pays et pour son peuple tel que défini précisément dans « Mein Kampf », et qui pouvait justifier la mise entre parenthèses des libertés essentielles. Voilà pour les deux plus grandes dictatures du XXième siècle. Il n’est pas possible de reprendre l’ensemble des dérives issues, sur différents continents, de la lutte d’un clan, d’une tribu,…, et se terminant dans une poussée de haine sanguinaire.
C’est pourquoi, je suis fondamentalement convaincu en tant que républicain que la démocratie permet de progresser tous ensemble à un rythme certes plus lent, tel un lourd paquebot que des vedettes légères pourraient dépasser facilement, mais dans une aventure collective partagée, même si non consensuelle dans ses multiples péripéties. Mais l’essence de notre civilisation c’est de proposer un projet de société qui permette à chacun de faire la traversée, pas sur le même pont certes, mais ensemble finalement.
Alors, je préfère pouvoir engager un combat contre des idées qui me semblent fausses ou contraires à mes idéaux que vivre dans une société où la pensée est confisquée par l’Etat et ceux qui veulent dicter ce que l’on n'a plus le droit de penser. La société de communication qui est la nôtre permet me semble-t-il d’exposer ses arguments et d’emporter la conviction des uns et des autres ou en tout cas de démontrer le caractère infondé d’arguments qui seraient avancés sans aucune base de faits avérés. De manière plus intéressée, je suis persuadé que ce glissement vers une société encadrée revient à nourrir le ferment de la révolte qui ne manquera pas de tout submerger, tel le Tsunami qui provoque une vague géante après que la mer se soit retirée temporairement de la plage.
Alors, prenons garde !
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 21 décembre 2011