QU'EST-CE QU'ETRE FRANCAIS AUJOURD'HUI
Réponse d’un citoyen français à la série d’entretiens du FIGARO
Au-delà des mots se trouve la vérité des faits, des situations vécues, des histoires d’hommes et de femmes. Loin de moi l’idée de mettre en cause les propos rapportés dans votre journal par des personnalités reconnues mais cependant, une petite envie de vouloir partir du quotidien pour aller vers le lointain.
Qui peut se prétendre représentatif de la somme des expériences des français ? Personne, quoi que nous disposions d’outils d’analyse assez sophistiqués pour en avoir une ébauche assez fidèle, somme toute. Mais surtout, adopter une position désormais bien ancrée sur le caractère multiculturel de notre société française, ce qui est de plus en plus le cas, sans se demander si chacun n’avait pas sa propre idée de ce que représentait pour lui sa citoyenneté française me parait être une lacune. Il est vrai que la diversité des interventions laisse entrevoir la pluralité des interprétations. Mais quand même.
Je ne reviendrai pas sur le constat des attitudes se rattachant au communautarisme, elles ont toujours existé. C’est plus la nature de ces communautés qui attire notre attention. Existe-t-il, au-delà du fait communautariste, des éléments qui forgent une citoyenneté commune ? Là est toute la question, me semble-t-il. Et là est la question pour toutes nos sociétés occidentales, jusques et y compris celles qui sont fondées sur une juxtaposition de communautés d’origine différente, en particulier les Etats-Unis. Appartient-on à un pays ou s’identifie-t-on à une culture, une couleur de peau, une origine géographique ? Je crois que le défi de demain est là.
En termes plus précis, les habitants d’un pays ne s’identifient pas forcément au pays dans lequel ils vivent. D’autres sont prêts à quitter ce même pays pour en choisir un autre plus conforme à leurs aspirations. Effet zapping ? Ainsi, quel sera le ciment commun des habitants d’un même pays. Ne voit-on pas que dans les années à venir, les décennies prochaines, nous entrerons au cœur d’une révolution de la citoyenneté. N’est-elle pas commencée, sous nos yeux ? Citoyen du monde, organisation mondiale des Etats, telles sont les réponses avancées par certains. Mais quel bouleversement. N’était-ce pas la destinée de l’homme d’ailleurs ? La technologie précède le pas humain.
Un tel discours a de quoi faire peur, il nous bouscule, il modifie nos repères ancestraux. Je crois qu’il nous faut réfléchir rapidement à ce qui nous permet de maintenir les éléments de cohésion de ceux qui vivent sur un même territoire. Comme il nous faudra bien réfléchir aux institutions qui garantiront à l’échelle mondiale un cap d’espérance. Non, décidément, rien ne sera jamais plus comme avant. Mais il nous faut compter avec le progrès, non encore dévoilé à ce jour, source d’apport essentiel pour faire face à ce nouveau monde. Alors, préparons-nous pour permettre aux mentalités d’évoluer et s’assurer qu’être citoyen français aujourd’hui soit gage d’espoir et non de crainte demain.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 22 juin 2004