PACTE DE RESPONSABILITE OU PACTE AVEC LES LOUPS ?!...
Comme beaucoup, le changement de pied du Président de la République intervenu en ce début d’année 2014 m’avait laissé sceptique. Mais il faut savoir donner une chance à ce qui aurait pu être une prise de conscience, même tardive, de François HOLLANDE en faveur de l’économie. Enfin, prise de conscience, façon de parler, parce que dans notre pays truffé d’énarques qui font de la politique comme on s’engage dans une carrière publique, bien malin celui qui pourrait connaître véritablement le fond de leur pensée. Tout cela n’est pour eux que de la figuration et de l’opportunisme politique pour gravir les marches menant aux plus hautes responsabilités, jusques et y compris la plus haute.
Pour avoir croisé dans ma vie professionnelle un certain nombre de diplômés de nos grandes écoles, j’ai souvent trouvé, au-delà de leurs grandes capacités cérébrales qui sont leur point commun incontestable, une grande immaturité. En fait, ils ne sortent pas vraiment de leur adolescence et de leur monde estudiantin. Et pour cause, ils vivent dans un monde protégé, à l’écart de la vie réelle. Et hormis un certain nombre d’entre eux, au nombre desquels il faut principalement compter ceux qui évoluent ensuite dans le milieu de l’entreprise, je crois que nos chers diplômés français ont une tête bien faite, bien pleine, en tout cas suffisamment pour faire illusion, mais pas forcément aptes à comprendre le monde dans toute sa réalité. Et, pour ceux, nombreux, qui s’engagent dans la politique, la plus grande majorité d’entre eux le fait pas calcul et non par goût de la France et l’envie de défendre les français. Ce sont des animaux politiques à sang froid.
Notre pays est donc fragilisé par cette élite technocratique. Il en subit les conséquences également par le poids des idéologies qui pèse encore sur ces cerveaux formatés dans un moule rigide qui fait peu de place aux réalités économiques.
C’est ainsi que la France des 35 heures a inventé le pacte de responsabilité. Là encore, selon moi, nous sommes face à un raisonnement erroné qui produit un mauvais résultat.
Les 35 heures s’appuyaient sur l’idée selon laquelle en partageant le travail on permettrait à un plus grand nombre de français de bénéficier d’un emploi. Cette erreur économique dénoncée dès le départ par les économistes sérieux s’est révélée dans toutes ses conséquences néfastes après plus d’une décennie de mise en œuvre. A ce détail près que même ce constat n’ose pas être assumé… Pour mémoire, je rappellerai que le patron du MEDEF de l’époque, Jean GANDOIS, s’était fait rouler dans la farine par Martine AUBRY, la grande prêtresse de cette affaire, marionnette animée en coulisses par son compère, Dominique STRAUSS KAHN…
Alors, de là à rééditer l’exploit avec le nouveau président du MEDEF, Pierre GATTAZ, il n’y a qu’un pas. Pierre GATTAZ, chef d’entreprise, avait en effet honnêtement lancé l’idée selon laquelle les entreprises pourraient embaucher à proportion de la baisse des charges qui serait consentie par l’Etat. Mais, si Pierre GATTAZ sait que le milieu des affaires n’est pas toujours tendre, il avait sans doute mal analysé le milieu dans lequel il évoluait dans ses nouvelles responsabilités ; au milieu des loups.
C’est donc par un pacte de responsabilité qu’a répondu notre Président de la République. Ce pacte appelle deux remarques de ma part.
D’une part, l’incapacité qu’ont nos dirigeants politiques technocratiques de se sortir de leurs ornières idéologiques. Les entreprises sont considérées comme des « partenaires » puisqu’un pacte se fait à deux. Erreur ! Les entreprises ne sont pas des partenaires, ce sont les membres de notre équipe de France. Et le capitaine de cette équipe, le Président de la République, ne passe pas un pacte avec ses coéquipiers, il leur donne la balle dans les meilleures conditions pour marquer le but. Erreur fondamentale d’analyse qui témoigne d’une approche totalement décalée de son rôle de chef de l’Etat. Alors que tous les dirigeants qui ont réformé leur pays l’ont fait en donnant les moyens aux forces économiques d’agir de la manière la plus efficace, nous, enfin, eux, nos dirigeants actuels français, n’ont même pas compris cette vérité première. La lutte des classes a encore de beaux restes !
D’autre part, mais cela a été déjà dit, et évidemment cela saute aux yeux, l’échec éventuel du Président de la République en matière d’emploi pourra être opportunément reporté sur les entreprises qui n’auront donc pas rempli leur part du « pacte ».
Alors, si Pierre GATTAZ, pris dans cette danse avec les loups, a voulu hurlé plus fort pour nous alerter sur ce marché de dupes, je ne crois pas que l’on puisse lui tenir rigueur de cette prise de conscience tardive. Je crois au contraire que cela prouve sa bonne foi mais comme tout chef d’entreprise qui se respecte, il faut savoir réagir vite lorsque l’on prend une décision qui s’avère douteuse et modifier sa stratégie rapidement. Le chef d’entreprise a parlé, constatant qu’effectivement, derrière les belles paroles, aucune réforme réelle ne viendrait permettre de baisser les charges des entreprises à hauteur de ce qu’il conviendrait de faire pour leur permettre de développer leur activité dans de bonnes conditions et donc… de recruter.
Pierre GATTAZ a donc raison de prendre ses distances. Avec un mauvais raisonnement, on parvient difficilement au bon résultat. Que chacun prenne conscience que nous sommes tous dans la même équipe de France, et que nous gagnerons ou nous perdrons ensemble.
Alors, un petit stage aux Jeux Olympiques ne ferait pas de mal à nos gouvernants et à leurs proches, pour comprendre ce fameux esprit d’équipe. Et plutôt que de snober la superbe cérémonie d’ouverture des Jeux de Sochi, François HOLLANDE serait bien inspiré d’en comprendre l’âme, le dépassement de soi par l’effort. Evidemment, n’est pas Vladimir POUTINE qui veut…
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 12 février 2014