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ALLIANCE REPUBLICAINE DE PROGRES

DU DENI DE REALITE… DE LA BASE AU SOMMET ?!

31 Octobre 2011 , Rédigé par Patrick CLEMENT

Je souhaiterais revenir sur deux événements récents qui ont marqué l’actualité, d’une part la réaction récente de Rachida DATI et, d’autre part, l’intervention télévisée de Nicolas SARKOZY. Il me semble que nous sommes dans le déni de réalité, à des degrés différents bien entendu.

Rachida DATI nous a gratifiés d’une de ses sorties médiatiques dont elle a le secret pour le côté décalé. Rappelons d’abord pour ceux qui l’auraient oublié que ce capital médiatique, elle le doit tout entier à son mentor, Nicolas SARKOZY, qui l’a propulsée Ministre de la justice malgré son peu d’expérience pour un tel poste et brulant en quelque sorte les étapes sur le plan politique. Mais nous tenions notre « symbole » de la diversité qui réussit. Au fond, pourquoi pas, puisque la politique est aussi, et surtout (?), affaire de symbole. Ceux qui s’en souviennent gardent en mémoire la valse des directeurs de cabinet et le tourbillon de robes et de « Une » des magazines. Mais en France, nous aimons bien les Cendrillon, alors poursuivons. Rapidement, le pilotage du ministère se fit du côté de l’Elysée mais nous avons eu droit, entre autre, à une belle réforme (venue du Palais ?) accordant la possibilité de ne pas aller en prison pour les délinquants condamnés à une peine de moins de deux ans. Le cœur de la rupture a alors bien saigné…

Revenons à notre égérie. C’est l’histoire d’une carrière politique… offerte par… Nicolas SARKOZY. Difficile d’étouffer un symbole sans avoir l’air de se renier. D’autres nominations à des postes de ministre ont étonné les plus fidèles admirateurs du président de la République… et de son discours de la rupture. Un point de chute est alors trouvé. Ce sera la Mairie du VIIème arrondissement de Paris. Quel cadeau ! Dites à n’importe quel militant de base ou sympathisant qu’il obtiendra une place de maire d’arrondissement et il vous regardera avec des yeux incrédules… Expliquez à l’ancien maire que c’est fini pour lui, du jour au lendemain, et il ne comprendra pas. Et oui, car la mairie du VIIème arrondissement avait un maire, Michel DUMONT, qui n’avait pas démérité mais qui avait le tort de n’être pas un homme politique de premier plan dans son parti. Exit Michel DUMONT, place à Rachida DATI qui pourra ainsi découvrir le VIIème arrondissement de Paris dans de bonnes conditions. Nous sommes en 2008 !

Et rebelote en 2009. Une belle place sur la liste pour les élections européennes dont chacun sait que le côté démocratique de la sélection des heureux élus tient plus du jeu d’écriture pour satisfaire toutes les demandes en partant du haut pour arriver… Non, en bas, il ne reste plus de places depuis bien longtemps ! Député européen. Ce n’est pas rien ! Nous ne parlerons pas de l’aspect financier, comme nous ne l’avons pas fait pour le poste de maire d’arrondissement, mais chacun sait que l’on approche de sommes tout à fait conséquentes. La République est généreuse et tant mieux si le service rendu est de qualité et si cela permet d’éviter les tentations… C’est donc la fin d’une époque au même moment avec le départ du Ministère de la Justice

Ainsi, voilà notre Rachida DATI maire d’arrondissement et député européen. Beau cadeau que l’on nomme en termes aériens un parachutage. Mais après tout, pourquoi pas. En tant qu’ancien ministre, on peut imaginer qu’un parti politique puisse avoir eu un intérêt politique à la recaser. Acceptons-en le principe. Ces préliminaires n’avaient pour objectif que de préparer la chute de l’histoire que vous connaissez. François FILLON brigue effectivement le poste de député… français… dont la circonscription passe par le VIIème arrondissement. Et patrata. Mais oui, Rachida DATI a déjà épuisé les plaisirs du poste de député européen et son bilan est déjà tellement élogieux qu’elle songerait elle aussi à postuler pour ce beau mandat de député. Ne tombez pas de votre chaise car le plus beau est à venir.

Je reviens maintenant sur la sortie médiatique de notre malheureuse qui voit ses espoirs contrariés et qui s’en prend à celui qui ose lorgner sur ce qui lui était dû, forcément. Et de quelle manière, en dénonçant… le parachutage de François FILLON. On rêve éveillé. Et, là, on voit les limites du symbole républicain quand on découvre Rachida DATI se répandant de méchante façon sur un collaborateur recruté spécifiquement par le dit Premier Ministre afin de préparer son atterrissage. Donc, sur les fonds de Matignon. C’est grave. Je crois que là, on peut entamer notre descente vers le centre de la terre…

Tout cela est pitoyable mais, surtout, et c’est cela qui sera ma morale, si j’ose dire, pour cette histoire nauséabonde, c’est que l’on constate nettement un déni de réalité de la part de Rachida DATI. Elle ne sait plus ce qui est décent et ce qui ne l’est plus. Voilà ce qui est grave et que reprochent de plus en plus souvent les citoyens aux hommes politiques en général. Ils sont dans un autre monde, ont des préoccupations de carrière et des ambitions qui sont bien éloignées du service de leurs électeurs qui pourtant les ont placés là où ils sont.

On pourrait multiplier les exemples. Juste un autre si vous le voulez bien, très brièvement, mais tellement caricatural lui aussi. Et cela fera un homme et une femme pour notre démonstration, afin de respecter la parité... L’arrivée de Catherine PEGARD à la présidence de l’établissement public du château de Versailles a occasionné une histoire du même tonneau, avec les mêmes arguments de la part de Jean-Jacques AILLAGON, remplacé à ce poste, et contestant un tel parachutage, comme si lui-même était arrivé là par le simple fait de ses mérites après avoir quitté son ministère en 2007… On taira le fait que la nomination ayant tout de même été entérinée malgré les protestations de notre futur retraité (l’âge de la retraite d’un établissement public est fixé à 65 ans, soit le 2 octobre en l’occurrence, à moins de prendre un décret en Conseil d’Etat pour proroger le mandat, ce qui n’a pas été le cas), ce dernier se cramponne encore, au jour d’aujourd’hui, à l’appartement de fonction qu’il occupait. Mais quelle honte !

Voilà pourquoi j’ai choisi ce chemin pentu de la création d’un mouvement politique qui me permet d’exprimer mes opinions, et, si un jour, j’en ai l’occasion, de briguer les suffrages de mes concitoyens, sans attendre l’octroi d’un privilège de la part d’un parti politique ou l’autre. Cette liberté, cette indépendance irai-je jusqu’à revendiquer, est la marque d’un élu qui peut agir fort du mandat donné par ses concitoyens et en rendant compte à ses mandants, avec une exigence supplémentaire de s’inscrire dans la recherche de l’intérêt général. Eh oui, en disant cela, j’en vois qui sourient certainement. Quelle naïveté ou quelle belle inconscience. Je n’en suis pas si sûr, et au-delà de l’écran médiatique, des milliers de figurants agissent tous les jours pour le bien de leur cité ou de leur Nation, loin des excès que je viens d’évoquer.

N’ayons pas peur de revendiquer des valeurs dans la politique et de vouloir redonner ses lettres de noblesse à l’action politique.

On aimerait bien d’ailleurs, en revenant sur la scène parisienne, que nos élus parisiens fassent preuve d’un peu plus de ténacité pour surmonter le mur médiatique érigé par une grande partie des médias afin de protéger le maire de Paris, Bertrand DELANOË. J’ai connu un temps où, quoi que fasse Jacques CHIRAC, ou ensuite Jean TIBERI, la presse tirait à boulet rouge sur l’équipe municipale en place. Et je ne parle pas des attaques en matière de corruption sur lesquelles je ne me prononcerai pas, sachant que la gauche n’est pas en reste dans ce domaine. Non, je veux parler de l’actualité quotidienne qui donnait l’occasion à chaque fois de mettre en cause la Mairie. Un problème de logement, c’était la mairie. Un feu dans un immeuble, c’était la Mairie. Une circulation dense, c’était la mairie. Un air pollué, c’était la Mairie. Ah non, c’était le Conseil Régional… avant l’arrivée de Jean-Paul HUCHON bien sûr. Depuis l’arrivée de Bertrand DELANOË donc, je vous rassure, parisiens, dormez tranquille, tout va bien et quand quelque chose ne va pas, c’est bien sûr la faute de … l’Etat. Jamais de la Mairie. Pas la Mairie ! Mais que fait l’opposition municipale ? N’est-il pas possible de s’exprimer ? Ah si, j’oubliais, nous avons entendu Rachida DATI. Là, la presse s’est fait l’écho de ses belles prises de position constructives pour l’avenir de Paris. Rien n’a été entrepris pour aménager les berges de Paris qui ne supportent pas actuellement de circulation routière mais il faut s’attaquer aux voies sur berges. Personne ne peut demander à M. DELANOË par exemple pourquoi il n’a rien fait pour ces berges de Seine qui auraient pu être aménagées sans bouleverser toute la circulation automobile et permettre une évaluation des animations ainsi mises en œuvre et de leur fréquentation. Bref…

J’en viens à mon second déni de réalité selon moi. Je ne conteste pas à Nicolas SARKOZY l’énergie qu’il déploie pour sauver l’Euro et, nous dit-on, l’Europe. Je ne comprends pas bien d’ailleurs cette conséquence sous-entendue. Les pays européens qui n’ont pas adhéré à l’euro ne sont pas dans l’Union européenne ? Loin de moi l’idée de venir vous dire ce qu’il faudrait faire. Je lis, je lis beaucoup, et, comme le plus grand nombre, j’imagine, je reste dans l’expectative.

Européens, bien sûr que nous le sommes. Nous n’avons pas attendu la communauté européenne et, maintenant, l’Union européenne pour être européen. L’histoire de la monarchie, de l’art, de la littérature,… nous prouve cet héritage européen ancien, avec ces hauts et ses bas, mais des bas qui étaient bas par leur caractère sanglant mais non pas leur négation de l’Europe puisque l’on assistait à des volontés d’hégémonie à dimension européenne et non à une négation de l’Europe ! Ce qui a changé, c’est que l’on a institutionnalisé l’Europe. Trop ? Et trop vite ? Telles sont les vraies questions.

Je me souviens de cette belle idée développée par mon professeur d’institutions européennes lorsque j’étais étudiant en droit. Il faut consolider le ciment européen des peuples par l’économie, la culture, les échanges,… avant de pouvoir venir coiffer les réalités ainsi constatées dans les faits par des institutions qui codifieraient une situation donnée. Sans vouloir développer plus cet argument qui dépasserait le cadre d’un tel article, je crois que nous avons voulu presser le mouvement et créer des institutions en espérant que les peuples et les acteurs économiques,… accepteraient de rentrer dans le moule ainsi fabriqué. L’euro en est le plus bel exemple. Il est significatif à cet égard de voir que ce qui n’était pas « disible » hier devient une vérité aujourd’hui : créer une monnaie unique pour dix-sept pays aussi différents n’était pas possible. Mais l’aveu s’accompagne de la solution ! L’euro n’est pas viable sans une forme de gouvernance économique, bref, une  autre manière de parler de fédéralisme.

Mais nous, français, nous ne sommes pas cet autre européen, indifféremment. J’ai vécu une époque où les films de guerre occupaient nos soirées cathodiques et où nous étions familiers d’expressions peu agréables pour les allemands : les bochs, les schleux, les frizés,… Pourtant, les allemands sont toujours nos voisins, et désormais nos amis. Cela ne nous empêche pas de deviner, pour ceux qui conservent un reste de culture géopolitique historique et contemporaine, les arrière-pensées des grandes orientations politiques de ce pays, naviguant entre l’ouest et l’est, et tournée néanmoins vers l’horizon transatlantique. Chaque pays possède des intérêts stratégiques majeurs qui découlent de sa position géographique, de ses atouts économiques, du tempérament de son peuple,… On pourrait développer de la même manière ce raisonnement avec l’Italie, l’Angleterre,…

J’aime les allemands, les italiens, les anglais,… Je suis européen. Mais je suis français. Avec les qualités et les défauts qui, de manière transcendantale, c’est-à-dire à travers la somme des qualités et des défauts de ses habitants, forment une Nation singulière.

Ne cherchons pas à copier l’histoire d’une autre Nation ou à envier sa réussite. Je veux parler des Etats-Unis. Nous avons notre histoire, nos histoires de pays souverains européens. Œuvrons pour un rapprochement en nous donnant le temps du rapprochement.

Il nous appartient de juger ce qu’est la construction européenne aujourd’hui. C’est une fuite en avant qui n’a plus ni queue ni tête. On nous invente des présidents du conseil européen, des chefs de la diplomatie européenne,… On rêve éveillé. On veut imposer par le haut en se disant que cela finira bien par marcher, en bas. Non, je n’y crois pas. Faisons le bilan !

L’euro est en crise mais personne ne se demande si l’Union européenne n’a pas de responsabilité, en dehors de vouloir nous faire croire qu’elle n’a rien pu faire parce qu’elle n’en avait pas les moyens. Mais soyons sérieux, depuis dix ans, l’Union européenne ne voyait-elle pas que la Grèce faisait n’importe quoi, dépensait à tout va, n’avait pas de rentrée fiscale,… Allons, soyons sérieux. Cela ne se fait pas selon la bienséance mais arrêtez de nous prendre pour des cons. Tout de même. Qui a entendu parler d’Eurostat, du conseil consultatif pour la gouvernance européenne, du comité des statistiques monétaires, financières et de la balance des paiements,… Personne. Mais à quoi servent tous ces organismes ? Et l’ensemble des institutions européennes ? Et les Etats eux-mêmes, qu’ont-ils fait, sinon peut-être jouer leur propre partition dans la course à la dépense publique ?

Dans un excellent et court article de Paul KRUGMAN, rapporté dans le numéro du FIGARO du samedi 28 octobre (extrait du New York Times), le mécanisme de l’euro et de ses faiblesses congénitales est fort bien expliqué. Oh, je sais, d’autres économistes nous prouveraient le contraire.

Mais je peux quant à moi, qui ne suis ni économiste ni plongé au cœur des institutions européennes ou monétaires sur le plan international, voir mon petit bout de jardin. Sans vouloir en faire une vérité ou en déduire plus que cet exemple ne peut permettre d’en déduire, je constate tout de même que l’euro a plombé notre niveau de vie. Peut-être que l’euro a même permis plus facilement de dissimuler une tendance lourde visant à rônier nos rémunérations, par exemple pour anticiper le poids des retraites à venir compte tenu des belles et couteuses carrières de nos aînés réalisées lors des trente glorieuses… Quoi qu’il en soit, je constate qu’en francs constants (convertis mathématiquement en euros à partir de 2001), mon niveau de rémunération correspond à celui que je pouvais espérer voici vingt ans à l’âge qui est le mien aujourd’hui, par référence à mes aînés de l’époque et de leur situation professionnelle. Parfait ! Sauf que ce niveau de rémunération actuel est bien celui auquel je pouvais m’attendre et dont profitait à l’époque mes aînés mais… avec le pouvoir d’achat de l’époque, il y a vingt ans. Oui, ce niveau de rémunération effectivement obtenu doit se comprendre pour moi avec le niveau de prix qui est celui observé par tout un chacun. Cela permet de voir le "gap" qui existe. En d’autres termes, pour être au niveau de mes aînés d’il y a vingt ans, moi, aujourd’hui, je devrais avoir une rémunération bien supérieure, permettant de compenser l’inflation de ces vingt dernières années ; inflation qui a des accents particuliers selon les produits de consommation, je le reconnais volontiers – tous les produits n’ont pas augmenté comme la baguette de pain ! Cherchez l’erreur. Ce n’est pas que je me plaigne car, en valeur relative, je suis un français moyen situé dans les strates supérieures. Mais un français moyen selon moi. Ce que je veux dire surtout, et signaler, c’est qu’il y a un problème. Alors, on peut nous prouver par de belles statistiques que ce n’est pas le cas. Mais la réalité vécue, en ayant des repères à dimension humaine, c’est-à-dire des repères qui ont une valeur par rapport à sa propre expérience, cette réalité-là nous incite à douter de ces vérités imposées d’en haut et qui ne correspondent pas à la vérité vécue en bas. Je suggère qu’une étude partant de la réalité des situations soit entreprise. Elle pourrait s’étendre d’ailleurs à la situation des entreprises, et notamment des TPE (Très Petites Entreprises) dont il serait intéressant de savoir ce qu’il reste à la fin du mois aux dirigeants de ces TPE. Mais aussi évidemment à de multiples catégories socio-professionnelles.

Voilà pourquoi il me semble que Nicolas SARKOZY fait lui aussi, dans un autre registre, et évidemment pas de manière aussi piteuse que Rachida DATI, un déni de réalité. Il fonce tête baissée et refuse de mettre en cause le modèle adoubé. Tel un scientifique qui refuserait d’accepter que sa théorie est condamnée face aux multiples preuves de son inexactitude dans les faits, on a le sentiment qu’une grande partie de notre élite politico-administrative n’accepte pas d’imaginer qu’elle puisse avoir eu tort. Pourtant, c’est bien comme cela que l’on diagnostique un patient qui subit un trouble psychiatrique, c’est quand il refuse d’accepter son état. Sinon, en ayant conscience de sa maladie, la voie de la guérison n’est pas certaine mais elle en devient possible.

Je ne demande qu’une chose. Posons rationnellement les termes du débat ! Elaborons un diagnostic impartial. Passons au crible toutes les politiques européennes : Schengen (!),… Et si tout le monde s’est trompé, en tout cas concernant plus particulièrement l’euro, acceptons de réfléchir aux solutions d’avenir. La chance qui est la nôtre, c’est que droite et gauche ont poursuivi les mêmes chimères, en France et dans les pays européens. Il serait ainsi plus facile de reconnaître une erreur sans qu’un camp politique puisse en profiter. Alors, osez !

 

Patrick CLEMENT

Boulogne, le 31 octobre 2011

 

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