DISONS-NOUS LA VERITE SUR DIEU
Réponse à Richard DAWKINS
Personne ne peut dire que Dieu n’existe pas. Absolument personne. Car rien, absolument rien, ne peut prouver que Dieu n’existe pas. En tout cas, à ce jour. Et aucun scientifique, aucune connaissance scientifique actuelle connue, ne peuvent démontrer que Dieu n’existe pas.
Mais Dieu existe-t-il ? Connaissons-nous la vérité sur Dieu ? Avons-nous des preuves de l’existence de Dieu ? Là est l’objet du débat qui nous anime depuis la nuit des temps. Existe-t-il des forces, des Dieux, un Dieu, une puissance spirituelle, des manifestations d’une existence spirituelle,… ?
Voilà posés par conséquent les termes du débat tels qu’ils doivent nous interpeller. On connait bien évidemment les réponses apportées au cours de notre histoire humaine en termes de croyances, de philosophies et de religions révélées qui sont venues enrichir ce débat sur le sens de la vie en quelque sorte, sur terre et au-delà.
Où se situer ? Pour ma part, je crois en Dieu, pour reprendre une dénomination qui parle à tous même si cette notion mériterait des développements tant le concept spirituel reçoit plusieurs interprétations, et je crois en la Science. Spiritualité et Science ne s’opposent pas pour la simple et bonne raison que si Dieu existe, la Science ne peut pas aller à l’encontre d’une telle réalité. Au contraire, elle ne peut qu’un jour contribuer à appuyer cette vérité en nous révélant les chemins qui mènent à la connaissance de Dieu. Aujourd’hui, la Science ne peut pas encore prouver l’existence de Dieu, elle ne peut que nous faire toucher du doigt petit à petit, et de plus en plus, et de plus en plus rapidement, la réalité du monde physique et sa complexité, que ce soit dans le domaine de l’infiniment petit ou dans celui de l’infiniment grand.
Quel progrès, quel chemin parcouru en quelques siècles et depuis plusieurs décennies en particulier. Cela nous donne une idée de ce que doit être le sens de la vie pour notre civilisation, pour autant bien évidemment que les conditions matérielles offertes à l’Homme soient à même de favoriser cette découverte de la vérité de notre monde et de la vie.
Pour ce qui est encore inaccessible à nos connaissances, j’y reviens, c'est-à-dire la preuve de l’existence de Dieu, je voudrais m’adresser maintenant à tous ceux qui croient en Dieu. Mais je voudrais aussi que ceux qui ne croient pas en Dieu ou qui restent dans l’expectative, s’associent à ce débat.
En effet, l’objet de ce préambule, de cette prise de position, est de faire part du désarroi qui peut frapper un grand nombre d’entre nous face à la manière dont les religions font exister Dieu pour les Hommes. Surtout, justement, à notre époque c'est-à-dire à un moment de notre évolution où le progrès scientifique nous permet de repousser les limites de la connaissance sur notre monde et sur la vie, et dans une certaine mesure mieux prendre la mesure de ce que pourrait représenter l’idée de Dieu dans un tel contexte.
Alors oui, je conçois que l’on puisse croire en Dieu. J’ai dit moi-même que je me situais parmi les croyants en une réalité spirituelle dont les contours nous échappent toujours en grande partie, mais je suis sidéré de voir que l’expression de cette croyance n’ait pas su évoluer au rythme de notre perception actuelle du monde et de la vie.
Assurément, je comprends parfaitement qu’ait perduré tout au long de l’histoire le cheminement des religions qui se sont construites à partir des prophètes incarnant un discours de représentation de Dieu, en tant qu’intermédiaire entre Dieu et les Hommes. Je veux parler ici plus précisément de la religion juive, relayée ensuite par la religion chrétienne et enfin musulmane. Et je peux comprendre que la croyance en Dieu s’appuie sur ces interprètes reconnus comme tels par les membres se rattachant à chacune de ces religions. Par contre, il est urgent que s’engage avec courage un débat afin qu’émerge, selon moi, une prise de conscience de ce que peut signifier Dieu dans notre monde actuel, et la manière de croire en Dieu et de s’inscrire dans une démarche de vie conforme à cette croyance en Dieu.
En effet, il me semble fondamental que soit posée aujourd’hui la question de l’expression de la croyance en Dieu, surtout bien évidemment en référence aux religions révélées car c’est bien là que le débat est aujourd’hui le plus vif. Il est effectivement essentiel de pouvoir conserver à la discussion sur Dieu et les formes que revêtent la croyance en Dieu, une dimension qui puisse s’inscrire dans la réalité de notre temps.
Qui pourrait dire aujourd’hui que les multiples « obligations » qui pèsent sur les croyants de ces trois religions précitées ne méritent pas un débat. Je souhaiterais que l’on puisse se poser la question sereinement entre gens de bonne volonté. Ainsi, selon moi, comment imaginer que Dieu, en partant du postulat que Dieu existe, puisse régler notre vie par des obligations rituelles aussi matérielles et précises que celles que l’on peut observer encore de nos jours. Que ces prescriptions règlementaires, en somme, aient servi à installer ces religions dans le quotidien des croyants au moment de leur naissance et de leur développement, on peut le comprendre et ce, d’autant plus, que le niveau des connaissances de notre monde et de la vie n’avait rien à voir avec ce que nous pouvons connaître aujourd’hui.
Mais nous sommes désormais au XXIème siècle ! Comment imaginer que Dieu en vienne à nous imposer notre façon de nous habiller, ou de manger, ou de prier ? Que la communauté des croyants, ou les communautés des croyants, se fixent des règles et définissent des principes de vie, cela est concevable. Encore faut-il, et c’est fondamental, reconnaître que ces règles et ces principes de vie sont donc bien définies par les Hommes et non par Dieu. C’est à mon sens réduire la dimension de Dieu que de le ramener à un donneur d’ordres, à un prescripteur de règles applicables aux Hommes, ici sur terre.
Pourquoi une telle discussion ? Est-ce si important ? Oui, je le crois, j’en suis intimement persuadé car il est de notre intérêt à tous de pouvoir aborder la question de Dieu, de la manière de croire en Dieu, dans la mesure où notre vie en commun sur terre se construit notamment à travers cette matrice spirituelle. Or, on ne peut que le constater amèrement, l’expression de la croyance en Dieu se conjugue aujourd’hui pour beaucoup par l’imposition de règles de conduite, érigées en dogmes, et donnant lieu à des affrontements de plus en plus fréquents et de plus en plus violents, entre communautés de croyants de religions différentes à travers le monde, et vis-à-vis aussi de ceux qui ne croient pas en Dieu.
Disons le plus clairement encore. Dieu n’impose aucun interdit alimentaire et vestimentaire. Seul l’Homme qui croit en Dieu impose ces interdits. Mais qu’il ne le fasse pas au nom de Dieu, en se prévalant de la volonté de Dieu, voilà l’objet du débat. Encore une fois, il convient de ne pas réduire la dimension de Dieu à de telles contingences matérielles. Cela nous permettra d’aborder la question de l’existence de Dieu en meilleure position dans le cadre d’un débat plus clair, débarrassé de tels écrans susceptibles de brouiller la réalité des arguments qui peuvent être exprimés dans ce cadre.
Cela permettrait également d’engager le débat sur la forme que doit revêtir la croyance en Dieu sur des bases plus solides, n’en déplaise aux tenants et garants des règles de vie des croyants même si ceux-ci doivent y être associés. Il est cependant clair que leur position, assise sur des acquis, une tradition, permet moins facilement pour eux la remise en question qui est suggérée dans le cadre de ce débat. Ainsi, libre aux croyants de toute communauté spirituelle de pouvoir fixer les règles de vie qui leur semblent conformes à l’expression de leur croyance en Dieu. Distinction fondamentale qui pourrait nous faire sortir de cette spirale d’un affrontement entre communautés de croyants n’ayant plus aucun lien substantiel au fond avec la véritable question spirituelle.
Doux rêve que ce vœu… Cette position n’est pas nouvelle cependant. C’est pourquoi il convient de la réaffirmer plus fortement dans ces temps d’incertitude et de flou sur le devenir de nos civilisations, de notre civilisation humaine. Le chemin sera long mais les bornes méritent d’être posées. Puisse cette volonté de débat être partagée par le plus grand nombre. Il me semble que l’on peut entrevoir dans la religion chrétienne depuis plusieurs décennies maintenant une évolution dans le sens d’une moindre contrainte en matière d’obligations rituelles. Le débat me semble par contre encore vif au sein de la religion juive mais c’est bien évidemment dans notre actualité récente au cœur de la religion musulmane que ces questions sont les plus criantes. Ainsi, on a l’impression que l’affirmation de la croyance en Dieu, pour les musulmans, passe presque avant tout par le renfort des signes extérieurs de l’expression même de cette croyance en Dieu, et notamment, des règles édictées en matière de prières, de jeun et de prescriptions alimentaires. Est-ce le reflet d’une volonté renforcée d’appartenance communautaire ou le fait d’un mouvement de fond réaffirmé qui mériterait en premier lieu un débat entre musulmans eux-mêmes ?
Pour ce qui est des autres formes spirituelles, j’ai le sentiment que cette question est moins vive dans la mesure où elle ne semble pas être inhérente à leur socle conceptuel.
Je plaide donc pour que l’on puisse se dire la vérité sur Dieu, les uns et les autres, en toute liberté, sans distinction de religion et en associant aussi à cette réflexion ceux qui ne croient pas en Dieu. Car s’il est une chose qui peut nous rassembler, c’est que, si Dieu existe, il est le même pour tous.
Patrick CLEMENT
24 septembre 2010