DECLARATION DE CANDIDATURE : « DECEVANT ! AURAIT PU MIEUX FAIRE… »
La déclaration de candidature de Nicolas SARKOZY, hier soir sur TF1, était attendue de longue date. On imaginait l’intense préparation qui avait prévalu au choix de la date, de la forme de l’intervention et des arguments avancés pour justifier de solliciter un nouveau mandat.
Quelle déception ! Cela nous rappelle étrangement le dernier remaniement ministériel qui, après avoir traîné en longueur, avait laissé paradoxalement une impression d’insuffisante préparation.
Sur la forme, je crois que Nicolas SARKOZY aurait tout intérêt à incarner le changement de personnalité qu’il nous dit avoir ressenti en occupant la fonction de Président de la République pendant cinq ans. Le candidat de 2007 ne pourra pas être réélu en 2012. De manière plus concrète, par exemple, ces phrases courtes peuvent convenir pour un meeting mais n’installent pas un président sortant dans une posture de sérénité et de solidité qui conviendrait mieux.
Les mêmes expressions, déjà entendues, n’expriment pas le deuxième acte qui est proposé. Une candidature pour un président sortant doit symboliser me semble-t-il un nouvel élan. On n’a pas senti ce souffle hier soir. Juste la conviction maintes fois réaffirmée d’un homme qui fait face à une crise sans précédent…
Sur le fond, il n’est pas possible de se présenter sans tenir compte de l’état actuel de l’opinion publique. Ce n’est pas une déclaration de continuité dans l’action qui peut permettre de rallier les déçus de la politique menée. Ainsi, faire de sa candidature un acte de courage car le job n’est pas fini me semble un peu léger et autocentré sur sa personne. En tout cas, ce n’est pas ce qui peut stimuler l’enthousiasme chez les français. Il aurait mieux valu marteler l’idée que, contrairement à ce que ses détracteurs avancent, il s’est efforcé de mettre la France en position d’affronter le monde contemporain, d’une part pour peser sur son orientation, d’autre part pour renforcer la France et, enfin, effectivement, pour protéger les français.
Peut-être aurait-il dû alors faire mieux comprendre les raisons pour lesquelles la tâche avait été ralentie et que la rupture qu’il avait souhaitée, il l’avait finalement engagée dans le temps en évitant les soubresauts. Et ce choix pouvait expliquer les déceptions de ceux qui auraient voulu aller plus vite, plus loin, et prendre en compte les inquiétudes de ceux qui craignent le changement.
Le langage de vérité ne s’impose pas en le revendiquant mais en donnant des gages de sa bonne foi.
Pour le reste, le discours manquait de hauteur de vue sur les enjeux qui sont les nôtres en matière de construction de notre société et d’une politique économique fondée sur l’esprit d’entreprendre et non sur ces mesures qui s’empilent les unes sur les autres et compliquent le jeu des acteurs économiques (nos fonctionnaires, certes compétents, n’ont-ils pas mieux à faire que d’établir la liste de tous les produits qui doivent passer au taux de TVA à 7% et de ceux qui doivent rester au taux de 5,5%, etc.…). Vanter une société qui doit véritablement prôner l’intégration par l’arrêt des flux de nouveaux arrivants qui viennent déstabiliser désormais notre équilibre social et remettre en cause nos valeurs dans lesquelles ils n’ont plus la possibilité de s’immerger faute de mixité réelle possible avec les français. Une société qui ne peut plus fermer les yeux sur la manière de sanctionner les délinquants qui passent à travers les mailles de l’exécution de leur peine. Pourquoi en 1986 était-il question de construire des prisons et nous retrouvons-nous vingt-cinq ans plus tard avec un problème de capacité d’accueil des délinquants ? C’est juste incompréhensible pour un citoyen normal.
On ne peut pas tout dire dans une déclaration de candidature mais, en un quart d’heure, on peut donner le cap en faisant attention aux idées lumineuses du type référendum sur un sujet technique qui ne justifie pas selon moi un référendum. S’il n’est pas possible de mettre au travail les chômeurs à qui une formation a été offerte et qui se voient proposer un travail en lien avec cette formation, alors nous avons un gros problème. Des sujets de referendum, il peut y en avoir, mais là, je crois que c’est une erreur de casting.
Bref, je trouve que c’est un départ décevant. Il faut que le candidat se reprenne très vite s’il veut revenir dans la course puisque désormais il s’agit d’un sprint.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 16 février 2012