COMMENT ACCEPTER D’AVOIR RAISON ET DE NE TOUJOURS PAS ETRE ENTENDU !!!
Je ne vous comprends pas, chers français ! Je ne vous comprends plus… Trop, c’est trop !
La critique, je la comprends, et elle est légitime.
Et vous pouviez certes manifester une forme d’énervement, paradoxalement d’ailleurs, les uns et les autres, pour des raisons diamétralement opposées. A ce sujet, je vous invite d’ailleurs, plus fondamentalement, à relire mon article sur le grand écart de la France …
Et vous pouviez sanctionner le Président de la République, même si je considère qu’au-delà de l’écume des imperfections de l’homme - mais qui est parfait en ce bas monde ? -, l’histoire montrera qu’un tel effort de redressement n’avait pas été entrepris depuis le général De Gaulle en ce qui concerne cette deuxième partie de XXème siècle et ce début de millénaire…
Et je ne suis pas opposé à l’alternance puisque, entraîné sans bien en comprendre les enjeux à l’époque par le vent de critique du RPR à l’encontre de Valéry Giscard d’Estaing, je reconnais avoir voté François MITTERRAND au second tour de l’élection présidentielle de 1981, considérant alors – erreur de jeunesse ? – qu’il fallait donner sa chance peut-être à l’opposition (ce qui ne m’empêchera pas – Oh paradoxe, mais la lucidité n’est pas toujours immédiate – de m’engager derrière la bannière de Raymond BARRE quatre ans plus tard – mais au nom d’un gaullisme que ce grand homme d’Etat me semblait incarner mieux que les autres !).
Mais, là, vraiment.
Que François HOLLANDE vous ait paru plus sympathique, pourquoi pas ! Bien que cela ne me semble pas être le critère déterminant pour élire un Président de la République au moment où il faudrait vraiment sortir d’hibernation pour ne pas voir que nous sommes au cœur d’une crise économique majeure dont la sortie reste encore bien incertaine et en tout cas à une échéance indéterminée.
Que le programme électoral ne vous ait pas apparu comme étant le plus racoleur qui soit au nom de considérations moralisantes et éprises d’une justice décrétée – enfer pavé de bonnes intentions.
Que les premières semaines de ce quinquennat ne vous ait pas fait toucher du doigt le côté superficiel d’une présidence dite normale et ne vous ait pas fait entrevoir la grosse ficelle de ces annonces toutes plus démagogiques les unes que les autres visant tellement ouvertement à rallier les troupes fidèles pour les élections législatives.
Que vous ayez pu à ce point tomber dans le panneau me laisse tout simplement groggy, par terre, sans force…
Alors, oui, je me sens libéré de mes obligations patriotiques. Je veux dire que je ne me sens plus fier d’être français et mon sentiment d’appartenance à la France s’est évanoui, emporté par ce flot d’aveuglement qui n’en fini par de nous submerger.
Notre regretté Philippe SEGUIN, qui avait tout compris avant l’heure et s’est fait le porte parole d’une défense de la France et d’une conception de l’Europe avec une telle éloquence, pourrait reprendre le terme de Munich mais en lui accolant l’adjectif national, et non plus seulement social. Car, selon moi, il s’agit bien d’un Munich national auquel nous devons nous préparer. Même envie sincère du peuple français d’espérer, même cécité face à la réalité des événements.
Je me sens libéré de mes obligations patriotiques et libre de quitter la France si l’occasion s’en présente, non pas parce que je sais que le pays va vivre des heures douloureuses que je fuirais, conséquence directe de cette politique inconséquente qui sera mise en place, et pour préserver mes intérêts, mais parce que l’ « affectio societatis », l’ « affectio civitatis », dont j’ai déjà parlé, s’est évaporé au fil du temps.
Pessimisme exagéré ? Non, en tout cas, j’en suis éperdument convaincu. Je ne reviendrai pas sur cette lente dérive depuis plus de trente ans qui nous a conduits à cette situation. J’ai déjà tout dit, comme tant d’autres et certainement moins brillamment.
Le constat est là. Je suis las. Plus envie de me révolter. Résigné ! Mais une résignation qui ne se traduit pas par un renoncement mais par la rupture de ce cordon ombilical qui me reliait à mon pays, à mes ancêtres, à mes compatriotes. J’ai envie de reconnaître mon incapacité à convaincre autour de moi, à mon petit niveau, et de crier mon désespoir de voir la France s’enfoncer irrémédiablement dans une voie qui la mènera à sa perte. Cela prendra le temps qu’il faudra mais l’échéance est désormais écrite dans le grand livre mondial. L’histoire est un long fleuve indomptable et je ne doute pas que, dans plusieurs décennies, après des soubresauts, ce pays et ce continent trouveront de nouvelles voies de développement, d’organisation, qui seront nécessairement bien éloignées de l’idée que je me fais, moi, aujourd’hui, à l’âge qui est le mien, de la France.
Alors, la messe est dite. Bonne chance à ceux qui repartiront au combat et longue vie à notre civilisation dont il faudra tenter de préserver les avancées qui nous ont donné ce potentiel de compréhension du monde et de la vie – le sel de notre existence.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 17 juin 2012