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ALLIANCE REPUBLICAINE DE PROGRES

UN DEBAT POUR RIEN ?

5 Avril 2017 , Rédigé par Patrick CLEMENT

Le débat d’hier soir entre les candidats à l’élection présidentielle avait-il du sens ou était-ce un débat pour rien ? C’est-à-dire un débat répondant plus aux codes de la politique-spectacle dénoncée voici 40 ans par un de mes professeurs, homme politique lui-même, Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, dans son livre « L’Etat-spectacle » paru en … 1977 (support de ses cours avec des remaniements pendant plusieurs années…) ! Permettez-moi de vous exposer ici mon appréciation, vierge de toute influence extérieure dont je me suis préservé, en vous priant de bien vouloir excuser sûrement les concordances que vous trouverez dans mes propos avec d’autres commentaires car je ne prétends pas être unique dans ma pensée.

Tranchons dans le vif. Notre égalitarisme forcené permet à certains d’invoquer l’organisation d’un tel débat au nom du respect de l’égalité des candidats dans cette campagne pour l’élection présidentielle. Que des règles soient édictées pour éviter qu’un candidat ne bénéficie de la faveur des médias et soit avantagé, je le comprends bien. Mais peut-on et surtout doit-on considérer que les candidats se valent tous. TF1 a tranché en organisant un débat entre les principaux postulants, profitant d’une fenêtre de tir favorable.

J’adhère à cette option, avec une réserve néanmoins. Nicolas DUPONT-AIGNAN aurait dû selon moi participer lui aussi à ce débat. Pourquoi ? Tout simplement parce que je considère qu’il faut permettre aux candidats « boxant dans la même catégorie » de se retrouver entre eux. Et, au-delà des sondages, qui peut nier que Nicolas DUPONT-AIGNAN, avec son parti « DEBOUT LA FRANCE » n’est pas représentatif, comme le prouve ses candidats aux élections législatives présents dans toutes les circonscriptions françaises ? « Lutte ouvrière » me direz-vous pourrait s’inscrire dans le même registre. Peut-être, si Nathalie ARTHAUD avait le même engagement politique entre deux élections présidentielles, ce qui ne me semble tout de même pas être le cas. Quant aux quatre autres candidats, Jean LASSALLE, Philippe POUTOU, Jacques CHEMINADE et François ASSELINEAU, ils sont clairement dans la figuration ce que certains d’entre eux ont l’honnêteté de reconnaître.

En conséquence de quoi, selon des critères à préciser peut-être, deux catégories de candidats se distinguent nettement ce qui justifierait pleinement l’organisation de deux débats. Soyons francs, il n’est pas question pour moi de considérer que les candidats qui se présentent plus pour porter des messages ne sont pas intéressants, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle un autre débat les opposant aurait tout son intérêt pour informer les français. Mais, le nombre de débats étant limité, et l’intérêt du débat en tant que tel, selon moi, étant essentiel pour évaluer les personnalités et les programmes dans un esprit de confrontation, il serait préférable d’avoir un débat entre les vrais candidats à l’élection présidentielle dans un format leur permettant d’avoir le temps de s’exprimer et…. de débattre. Ne soyons pas naïfs, l’enjeu d’une élection présidentielle est suffisamment important pour que les conditions du meilleur choix possible nous soient données, c’est-à-dire d’un choix en connaissance de cause, quel que soit le candidat retenu.

Autant dire que la décision de France 2 d’organiser un débat à trois jours du premier tour me semble surréaliste et répondre surtout à une logique de concurrence entre chaînes pour apparaître comme l’organisateur du dernier débat, celui qui ferait la différence… Reprenons un peu de hauteur s’il vous plait, surtout pour une chaîne de service public !

Mais puisque « débat » il y a eu entre ces onze candidats, parlons-en.

Je ne m’attarderai pas sur Nathalie ARTHAUD et Philippe POUTOU qui portaient un message de lutte des classes sans intention d’accéder à la plus haute fonction de l’Etat. Nul reproche à leur égard car il n’est pas inintéressant d’entendre leurs arguments pour comprendre de quoi notre société est faite… D’où l’intérêt d’un débat entre les candidats de cette catégorie.

Jacques CHEMINADE, on l’a bien compris, veut retrouver l’esprit du Conseil National de la Résistance... Que dire de plus ?

François ASSELINEAU veut faire un « Frexit » en quittant l’Union européenne, en abandonnant l’euro et en quittant l’OTAN, nous donnant comme modèle… la SUISSE. Là encore, comme si le monde n’avait pas évolué ces soixante dernières années. Au moins, cela a le mérite de la clarté. Le format du débat à onze n’a pas permis d’engager une vraie discussion sur les conséquences d’un tel choix car après tout, il aurait été intéressant justement de pousser le raisonnement jusqu’au bout. Cela me permet de préciser que, par respect pour ces « candidats figuratifs », il serait intéressant de faire réagir les vrais candidats sur leurs positionnements tels que celui qui vient d’être évoqué, ou celui prôné par Nathalie ARTHAUD sur les nationalisations,…

Jean LASSALLE est le candidat exotique de nos terroirs avec l’accent de là-bas… Jeu de rôle inspiré par FERNANDEL en faveur de la défense des zones rurales. Dont acte.

Mais que retient-on des autres candidats, les vrais candidats ? En tout cas, qu’en ai-je retenu ? Ma foi, pas grand-chose… par rapport au débat organisé sur TF1. Finalement, chacun était bien dans sa ligne. Les choses sont assez claires. Contrairement à ce que j’entends ici ou là, je trouve que cette campagne électorale, malgré les aléas que nous avons connus, nous permet de nous déterminer en connaissance de cause. L’effet « Primaires » y est peut-être aussi pour quelque chose puisque cela fait désormais plus de six mois que nous nageons dans le bain de l’élection présidentielle…, les candidats déclarés hors primaires jouant eux aussi leur petite musique depuis plusieurs mois déjà (Marine LE PEN, Jean-Luc MELENCHON et Nicolas DUPONT-AIGNAN plus précisément).

En fait, pour ne pas être trop long, j’aimerais simplement dire quelques mots sur deux candidats.

D’abord Emmanuel MACRON. Encore une fois, je tiens à souligner que sa démarche ne manque pas d’intérêt dans ses effets rafraîchissants. Mais, malgré tout le respect que je lui dois, le Président de la République sous la Vème République doit être incarné par un homme d’expérience qui donne le cap à une vieille Nation qui reste encore, malgré tout, une des principales puissances économiques du monde. Il faut une certaine stature qu’il ne possède pas à mon sens… encore. Par ailleurs, comme je l’ai déjà dit, en dehors du fait qu’il n’est pas responsable de la vague un peu pathétique de « has been » qui le soutiennent désormais, il faut bien en revenir aux fondements de notre République qui repose pour son bon équilibre sur une majorité solide à l’Assemblée Nationale. Je ne vous cache pas que je ne crois absolument pas en la génération spontanée de députés « new age ». C’est bien sûr original mais un peu illusoire.

Quant à François FILLON, le candidat naturel pour assurer l’alternance, il faut bien dire qu’il n’est pas sorti indemne du traquenard dans lequel il a été poussé. Certains doivent pouvoir se réjouir de leur réussite. Il reste aux français à se retrouver sur l’essentiel comme dirait Charles de Gaulle, c’est-à-dire le sort de la France. Et là, j’ose espérer que les français sauront évaluer les candidats à l’aune des défis à relever et faire le bon choix. Inutile de lui faire tel ou tel reproche concernant le débat. Evidemment, sur le thème des institutions, je ne comprends toujours pas, comme je l’ai déjà dit à propos du débat sur TF1, que François FILLON ait attendu le mot de la conclusion pour parler de la majorité de la Droite et du Centre sur laquelle il pourrait compter pour gouverner. Pourquoi ne pas avoir rappelé toutes les évolutions apportées à la Constitution pour la moderniser, en tout cas juste évoquer cette réalité ? Et surtout insister sur le fait que le quinquennat, avec la tenue des élections législatives suivant l’élection présidentielle, permettait de dynamiser les institutions et de mettre en œuvre une politique avec clarté pour autant qu’elle soit conforme aux engagements pris. Cette Vème République est incroyable ! Elle a résisté en son temps à la cohabitation ce qui allait à l’encontre de l’esprit de la Constitution. Elle a résisté à une majorité qui se disloque car une partie d’entre elle ne se retrouvait plus dans la politique menée par le Président porté au pouvoir avec son soutien. Devons-nous risquer ce cas de figure inédit d’un Président élu qui, dès le début de son mandat, ne trouverait pas une majorité à l’Assemblée Nationale le soutenant ? N’avons-nous pas assez de réformes à engager pour nous payer le luxe d’une crise de régime à l’issue imprévisible et en tout cas aux conséquences certainement désastreuses pour la France… et les français ?

Je sais bien que ces propos sonnent un peu creux pour ces français de bonne foi qui découvrent la politique au moment des campagnes électorales sans pouvoir forcément mesurer les conséquences des programmes des différents candidats et les contingences du pouvoir dans sa réalité quotidienne, une fois passées les envolées lyriques.

Puisse cet exercice de démocratie déboucher sur des choix clairs. Les français en porteront la responsabilité. Puissent-ils en être conscients !

Patrick CLEMENT

Boulogne, le 5 avril 2017

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