JE ME SUIS TROMPE... HEUREUSEMENT !
Vous l’aurez compris, mon pronostic évoqué dans mon précédent article a été contredit par les faits. Heureusement ! J’en tire deux leçons personnelles.
La première relative aux français. C’est vrai que parfois je désespère des français, et je ne suis pas le seul. Mais j’ai tort je crois. Et j’ai doublement tort car j’ai souvent expliqué moi-même que lorsque l’on permettait aux français d’avoir accès à un débat clair et honnête, leur bon sens parlait. Je crois que nous en avons la preuve ici. En tout cas leur choix s’appuie sur des projets et des personnalités qu’ils ont pu découvrir surtout grâce aux débats télévisés mais pas seulement bien sûr puisque tous les médias ont joué le jeu de ces primaires.
J’avoue que je n’osais pas croire à une telle progression de François FILLON. Je pense tout de même que les français ont considéré que la surenchère de Nicolas SARKOZY dans ses propos était un artefact de campagne électorale qui ne pouvait effacer les promesses de la campagne de 2007 (voire qui les remettaient en valeur à la lumière de ce que furent ensuite le quinquennat et son style). Je me demande tout de même dans quelle mesure Nicolas SARKOZY n’a pas servi François FILLON en agitant l’épouvantail « BAYROU ». Si les français ne voulaient pas de Nicolas SARKOZY, peut-être ont-ils signifié par leur vote qu’ils ne voulaient pas non plus d’une alliance JUPPE / BAYROU … Bref, ils voulaient le renouveau mais avec l’expérience ! Raison pour laquelle Bruno LEMAIRE est apparu trop « vert ». Je vous renvoie aussi à mon article sur l’élection à la présidence de l’UMP et le bon score de Bruno LEMAIRE que j’attribuais pour une large part au « Tout sauf Sarkozy », alimenté d’ailleurs à l’époque par Alain JUPPE notamment.
Loin de moi l’idée de refaire un pronostic pour ne pas porter malheur à François FILLON mais je ne pense pas que les français se dédiront d’un tour à l’autre. Je pense, et j’espère car cela témoignerait d’une belle cohérence, qu’ils amplifieront même ce choix ce qui confortera d’autant plus François FILLON pour aborder la campagne des présidentielles. D’ailleurs, si des électeurs de gauche se sont déplacés, sans doute plus que des électeurs du Front National, c’était certainement pour écarter Nicolas SARKOZY qui aurait alors eu toutes les chances de redevenir président de la République… Mon sentiment concernant le second tour, c’est que les électeurs de gauche sentiront moins le besoin de choisir entre FILLON et JUPPE.
La deuxième leçon concerne les primaires. Il faut être honnête, d’autant plus que François FILLON l’a rappelé, ces primaires, dont il fût un ardent avocat, sont un succès populaire. Mais surtout, je crois que mon pronostic de la semaine dernière plaçant SARKOZY devant JUPPE aurait peut-être été validé dans le cadre d’un vote limité aux parti « Les Républicains ». Il est clair que l’élargissement à l’ensemble des français partageant les valeurs de la Droite et du Centre (regrettant tout de même le vote des électeurs de gauche notamment) a changé la donne. Pour l’assise du futur candidat de la Droite et, en principe, du Centre, à l’élection présidentielle ce sera un indéniable avantage en termes de légitimité populaire.
Bien entendu, cela me pose toujours un problème avec la logique de la Vème République que je trouve ainsi bafouée. Je regrette toujours que ce débat d’idées n’ait pas pu véritablement se dérouler au sein des « Républicains » en permettant de donner une audience large à chaque ligne politique afin de pouvoir évaluer dans quelle mesure elle recevait l’assentiment des français de manière générale et pas des seuls militants. Mais il est vrai que cela risque alors de ne reposer que sur une légitimité « sondagière » dont on voit bien les limites même si il faut reconnaître aux sondages toute leur pertinence quand ils sont conduits avec honnêteté et analysés sans parti pris. En tout cas, ces primaires jettent un doute dans mon esprit, je le reconnais bien volontiers.
Après ce double mea culpa, je vous souhaite une bonne semaine de réflexion pour faire le bon choix dimanche.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 21 novembre 2016