FRANCOIS FILLON : PETITE NOTE DE LECTURE RELATIVE A SON LIVRE « FAIRE »
Après avoir lu son livre, je dois dire que je suis frappé par les qualités personnelles de François FILLON et sa vision de l’avenir de la France comme chef d’Etat. Son expérience parle pour lui. Son projet le porte. Même si mon soutien doit paraître curieux à certains de mes lecteurs compte tenu d’un certain nombre de mes prises de position, j’essaie de me placer dans une perspective « raisonnable » d’alternance, tout en conservant au fond de moi-même le vœu d’une alliance des droites, à laquelle rien n’interdirait d’ailleurs à ceux qui viennent de la gauche de se rallier pour la défense de la France.
François FILLON, non seulement porte un projet pour la France audacieux, mais se révèle visionnaire notamment dans sa réflexion relative à l’idée de progrès. Comment ne pas être sensible à cette voix qui s’élève dans ce déclinisme ambiant ?
Comme il n’est point d’éloge flatteur sans la liberté de blâmer, ainsi que nous l’a enseigné Beaumarchais, que François FILLON veuille bien me pardonner les bémols, ou les attentes, que je souhaiterais faire connaître tout de même… Sur le fond, bien entendu, mais j’en profiterai également pour aborder la forme, si importante dans notre monde médiatique désormais.
Sur le fond, je conserve quelques divergences sur quatre points, principalement…
Il m’est pénible de revenir sur la question du mariage homosexuel mais je dois m’y résoudre. François FILLON fait une erreur dès le début de son raisonnement, ce qui, comme en mathématique, ruine ensuite la suite de son propos. Non, on ne peut pas comparer une préférence sexuelle à ce qui constitue le fondement de notre espèce humaine, à savoir l’union entre un homme et une femme. Comment une telle évidence peut-elle être niée si ce n’est en étant faible face aux revendications parfois agressives d’une partie des homosexuels, je dis bien seulement d’une partie ? En faisant cette erreur, c’est-à-dire en plaçant sur un même pied d’égalité un couple d’homosexuels et le couple formé naturellement d’un homme et d’une femme, on s’expose à la revendication, légitime pour le coup, oui je dis bien légitime, pour ces couples homosexuels de pouvoir avoir des enfants. Et comme l’évidence physique est incontournable, seules la GPA ou la PMA permettent cette possibilité, alors même qu’un enfant a fondamentalement besoin d’un père et d’une mère qui lui apportent, l’un et l’autre, un soutien complémentaire. J’aime être logique. Pourquoi refuser aux couples homosexuels dès lors l’accès à la GPA et à la PMA ? En tout cas, la digue sera rapidement submergée car, pour le coup, les couples homosexuels mariés, parfaitement égaux en droit des couples naturels homme-femme, seront fondés à réclamer pour eux aussi la possibilité d’élever des enfants. Seule solution pour sortir de ce piège, selon moi, une forme de reconnaissance d’un fait social, l’union homosexuelle, par un lien juridique qui pourrait prendre la forme d’une union civile, à mon avis officialisée devant un notaire seulement. Enfin, pour conclure sur ce point, je ne me sentirais apaisé que si un referendum était proposé aux français, comme je j’ai déjà exprimé, afin que ce soit le peuple français tout de même qui ait le dernier mot. Et je suis près, alors, à m’incliner, même si je conserverai mon point de vue au fond de moi, exposé plus complètement dans mes différents articles (notamment sur les suites inévitables de cette brèche ouverte inconsidérément pour l’avenir de l’espèce humaine et surtout sa place, relative dès lors, dans notre civilisation).
Sur l’Islam, je crains que François FILLON n’ait pas assez poussé sa réflexion. Il ne suffit pas, comme d’autres ailleurs, Alain JUPPE pour ne pas le citer, d’être emmené pour une petite visite d’une cité, comme au zoo, pour comprendre ce que peuvent ressentir les français confrontés au développement d’une forme d’islamisation politique de certaines parties de notre territoire. Non, le voile à l’université (d’ailleurs de quel voile parle-t-on ? - cela ne m’est pas apparu très clair dans le livre) n’est pas admissible car il est plus l’expression d’une revendication communautaire politique que l’expression de sa foi. Ne soyons pas naïfs, par pitié ! Je vous renvoie à mes articles sur la nécessité d’ouvrir le débat de l’Islam en tant que religion, et celui de l’Islam et de la République. Je crois que cet aspect mériterait une réflexion plus approfondie de la part de notre futur candidat aux primaires…
Sur le Front National, je maintiens que la droite s’honorerait en considérant qu’il ne s’agit pas, ou plus en tout cas, d’un parti d’extrême droite, mais d’un parti souverainiste ou patriotique, comme l’on voudra. Cela n’empêche en rien la critique du programme de ce parti, de manière argumentée et non irrationnelle, mais cela favoriserait une meilleure compréhension de notre débat démocratique par nos concitoyens qui, soit ne comprennent pas ces excommunications faciles, soit y sont sensibles en s’empêchant du coup toute réflexion sur le fond des propositions émises par ce parti. Bon sang, nous sommes au XXIème siècle, comment voulez-vous que nous nous en sortions si nous subissons la terreur de la pensée politiquement correcte instrumentalisée par la gauche à son unique profit ?!
Je reste également sur ma faim concernant la manière de faire évoluer concrètement les institutions européennes même si j’ai bien compris, je crois, l’ambition qui est celle de François FILLON de faire renaître une véritable Europe des Nations, tout en renforçant le poids de l’euro. De même, sur la vision écologique du projet de François FILLON, qui rappelle sa confiance en l’innovation technologique pour contribuer à surmonter les enjeux liés à la pollution de notre planète, j’aimerais en savoir un peu plus, notamment en perspective du show médiatique prévu en décembre via la COP 21. J’ai d’ailleurs particulièrement apprécié tout le chapitre consacré à l’évolution des technologies de l’information qui montre, ou démontre, que François FILLON n’est pas le dinosaure que certains décrivent.
Voilà quelques remarques rapides qui, je l’espère, vous inciteront à lire ce livre dans lequel François FILLON, au-delà de ses réflexions politiques, révèle sa personnalité, sans voyeurisme mais tout en finesse. Et c’est important aussi de donner à voir l’homme derrière l’animal politique.
Et justement, j’en viens à la forme, sortant du cadre de ce livre pour regretter une faiblesse qui m’apparait dans l’image de François FILLON. Je sais bien qu’il ne souhaite pas être ce qu’il n’est pas et… jouer la comédie. Par contre, je me permettrais de lui conseiller de se présenter plus comme ce qu’il est dans son livre. En le lisant, je sentais une énergie, une volonté farouche d’aller de l’avant, notamment dans son dernier chapitre consacré à ses premiers mois de mandat s’il était élu président de la République, mais justement, cette énergie fait défaut selon moi dans ses prestations médiatiques. Attention au syndrome du Sachant qui maîtrise effectivement toutes les facettes d’un homme d’Etat, mais qui sous-estime l’impératif de faire résonner tout cela dans le cœur des téléspectateurs, auditeurs,… Au risque de paraître prétentieux, je dirais que François FILLON doit savoir se ressourcer après les efforts consentis pour élaborer son projet afin de trouver les forces pour communiquer son énergie et sa passion. Il ne s’agit pas d’enthousiasmer les foules par des effets faciles mais d’incarner, plus que le Sage, le Guide qui saura conduire la France et les français, et qui en aura la volonté mais aussi l’énergie.
A bon entendeur,….
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 5 octobre 2015