LES SENS DE LA VIE (6)
CONCLUSION
Une conclusion, mais quelle conclusion ? D’autant plus que s’il fallait vraiment tirer une conclusion de ces quelques pages, cela reviendrait à se poser la question fondamentale : « Mais tout ça pour quoi ? ».
En effet, la connaissance absolue de cet ESPACE ETRE, et donc l’accès à cet ETRE EXISTANT, c’est-à-dire selon ce qui a été évoqué précédemment, l’aboutissement du Chemin dans la recherche de LA VERITE, donneront-t-ils véritablement un sens à ce mouvement universel qui nous emporte, c’est à dire LE SENS DE LA VIE ? Enfin !
Ou bien, ce mouvement ne se réduit-il pas finalement à une vaste Progression vers une sorte de béatitude suprême finale, une fois atteinte cette VERITE ? Nous rentrons là bien entendu dans le domaine commun, pratiquement, de la philosophie et de la spiritualité.
Une sorte de béatitude éternelle ? Mais cela reviendrait à pouvoir conceptualiser ce qu’est l’éternité ! Prouesse intellectuelle de même nature que l’appréhension en termes rationnels de ce que représente l’infini. Comment penser l’éternité ? Comment parvenir à concevoir l’infini ? Nous tombons là dans le vertige de la pensée. Une telle réflexion est inépuisable. Autant dire qu’elle est vivante et immortelle ; évolutive par essence.
On peut certes imaginer que l’évolution de l’Homme et, en particulier, de ses facultés cognitives, lui permettra progressivement l’accès à la résolution de telles équations complexes de la Vie. Quelques « coups de pouce » venus d’ailleurs, dans cette dimension (« univers ») ou non (« au-delà »), lui permettront-ils également de le mettre sur la voie… ? Nous verrons bien !
La conclusion, que je qualifierais de paradoxale, de ce doute « existentielle » ne consiste-elle pas à nous conforter dans l’idée selon laquelle c’est bien la PROGRESSION VERS CETTE VERITE qui porte en elle le SENS DE LA VIE. Conclusion paradoxale car, finalement, on pourrait considérer que cela donne raison à ceux qui vivent leur vie de la naissance à la mort sans s’encombrer de l’incertitude pesant sur la suite… Mais paradoxale en apparence seulement, car la conscience de ce SENS DE LA VIE leur fait défaut finalement, ce qui revient à dénaturer l’essence de la vie selon moi !
Cela nous ramène en tout état de cause à cette idée d’un Progrès vers la Vérité à préserver, quoi qu’il advienne, pour cette vie immédiate et pour la Vie en tant que telle dans cet univers, et au-delà sans doute, dans cet ESPACE ETRE à découvrir.
Ce qui nous rassemblerait tous en somme, quelles que soient nos convictions, c’est cette idée simple en définitive, mais potentiellement fondatrice d’une civilisation universelle, d’aller de l’avant pour donner un sens à sa vie et faire au fond sens pour la Vie.
Evidemment, j’ai bien conscience que cet engagement un peu abstrait nous raconte moins « d’histoires », ne mobilise pas ici-bas le merveilleux, bref nous « parle » moins directement. Cette expression du sens de la Vie est assurément moins entraînante dans l’inconscient populaire même si l’on peut imaginer de récréer du symbolisme pour en favoriser l’adhésion. Ainsi, je conçois bien que le recueillement dans des lieux spécifiquement dédiés à cela puissent conserver toute sa valeur et semble nécessaire à tous ceux qui traversent des épreuves. Chacun de nous au fond, un jour ou l’autre.
Et j’ai tout à fait conscience que cette évolution ne peut se faire que par le pouvoir de conviction, ce qui réclame assurément du temps comme je l’ai déjà dit. Toutes les expériences historiques visant à éradiquer par la force la dimension religieuse des sociétés ont échoué. Elles furent nombreuses et, sans les citer toutes évidemment, il suffit de se rappeler l’ « Etre suprême » de la Révolution française, ou bien les régimes autoritaires visant à créer un homme nouveau, tels, en particulier, le Parti National Socialiste Ouvrier d’Adolphe Hitler, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, la Chine communiste de Mao Tsé-Toung…
Mais, en tout état de cause, ne serait-ce tout de même pas le signe d’une certaine forme de maturité assumée que de ne plus faire appel aux rituels, aux dogmes, aux prétendues injonctions de Dieu pour que nous nous comportions de telle ou telle manière, en codifiant notre vie quotidienne en fait. Comment s’habiller, que manger, comment prier,… ? Cette vision infantilisante peut-elle vraiment traduire la volonté d’une « force » divine, nous réduisant ainsi à de simples enfants obéissant à des recommandations d’une précision déconcertante ? Ce qui pouvait à la limite se concevoir à une certaine époque, dans un certain contexte, a-t-il encore sa place aujourd’hui dans ce monde que nous avons tout de même appris à mieux connaître et qui a dévoilé certains de ses innombrables mystères ? Je vous laisse répondre à ce questionnement.
Alors, je vous l’ai dit, je me suis livré devant vous, totalement, pour vous exposer ma vision du sens de la Vie ou plus exactement des sens que l’on peut donner à la Vie. Ai-je percé les mystères de l’essence de la Vie ? Bien sûr que non, ils sont à peine effleurés.
Je vous ai juste encouragés à explorer cette voie qui vous permettra, je l’espère, de définir ce qu’est, pour vous, le sens de votre vie, voire le sens de la Vie. C’est un chemin personnel sur lequel vous devez vous engager, seul, mais pas tout seul non plus. C’est le sens de ces pages. Vous n’êtes pas tout seul. Des interprétations possibles de l’existence foisonnent à travers le monde et à travers l’histoire. Mon ambition est de proposer un modèle d’explication, évidemment sommaire et jugé peut-être artificiel par certains, mais accessible je l’espère à tous, pour vous donner envie d’aller plus loin et surtout de faire vôtre cet exercice.
Il est difficile parfois de s’y retrouver justement dans la montagne d’ouvrages qui traitent de ces questions et, encore plus, de ceux qui proposent des chemins spirituels ou religieux.
Mon seul mot d’ordre si je peux dire, c’est de vous inciter à vous émanciper de ce qui fait votre corpus culturel pour vous approprier votre propre perception du sens de la Vie. Quitte encore une fois, même si vous avez compris que ce n’était pas la voie que j’avais choisie, à revenir de votre propre fait, après un tel exercice d’introspection, aux croyances spirituelles ou à la religion dans laquelle vous avez baigné toute votre vie si le sens de la Vie que je vous ai proposé ne vous convainc pas. Et qui peut dire d’ailleurs que je ne retrouverai pas un jour sur mon chemin les traces de la religion qui a bercé mon enfance et contribué à construire ma culture. Chaque âge apporte effectivement son lot de remises en questions…
Je voudrais d’ailleurs en profiter pour rendre hommage à la pensée de Pierre TEILHARD de CHARDIN qui a su ranimer mon inspiration assoupie.
Après la rédaction de mon article sur « L’équation de la Vie » en 2002, écrit d’une traite lors d’une nuit au bord du lac de Sainte-Croix, je l’ai redécouvert… par hasard, et j’ai dévoré son œuvre entière. L’approfondissement de sa pensée a réveillé mon ardeur spirituelle, ou mystique, pour découvrir les vraies paroles de Jésus, dans leur contexte, en me lançant dans la lecture des grands ouvrages d’exégèse biblique. Et c’est ainsi que j’ai eu ensuite l’envie de reprendre une nouvelle fois mes réflexions de jeunesse sur le sens de la Vie, jamais éteintes, que je vous livre aujourd’hui.
Pour lui rendre hommage, je souhaiterais juste citer une de ses plus belles phrases selon moi, parmi tant d’autres : "Preuve nouvelle qu'il suffit, pour la Vérité, d'apparaître une seule fois, dans un seul esprit, pour que rien ne puisse jamais plus l'empêcher de tout envahir et de tout enflammer " (« Le Christique »).
Enfin, n’oubliez jamais que la vie est, en valeur absolue bien évidemment, une sorte de miracle. Un merveilleux miracle. Regardez le soleil, le ciel, la terre, la nature,…, l’être humain ! Portez votre regard au loin vers l’univers, ses galaxies, ses étoiles, ses planètes,… Vraiment, lorsque vous avez perdu le sens de la Vie, n’oubliez jamais cela.
Ce témoignage, je voudrais juste qu’il vous aide dans votre recherche personnelle des sens de la Vie et, alors, mon objectif en l’occurrence aura été atteint.
Bonne route.
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 15 janvier 2015