SYRIE : APRES LA VICTOIRE A LA PYRRHUS, LA DEFAITE A LA OBAMA !
Je sais que je m’exprime souvent avec passion, avec fougue, mais lorsqu’il s’agit de la guerre et que notre pays risque de s’y engager, je préfère prendre le temps de la réflexion, à mon niveau en tout cas, tant il est difficile de se construire une opinion objective au travers des informations médiatiques dont certaines ne visent clairement qu’à appuyer les décisions de leur chef spirituel, François HOLLANDE.
Pour tout dire, lorsque j’ai appris cette attaque chimique en Syrie, à Damas, j’avais lu, je crois le jour-même pratiquement, qu’une délégation de l’ONU venait d’arriver là-bas, ce qui m’a immédiatement amené à me demander pourquoi diable Bachar el-Assad prenait un tel risque à un tel moment. C’est la thèse qui sera défendue par son allié indéfectible, la Russie, incarnée par un Vladimir POUTINE plus tzar que jamais, mais que je respecte pour la solidité de ses positions. Mais je me suis également mis à penser en « oriental »… Et si, justement, parce que c’est tellement illogique, pourquoi n’aurait-ce pas été un coup de billard à trois bandes en jouant justement sur cette apparente contradiction pour avoir déclenché cette attaque à ce moment précis ?
Nous verrons bien. En fait, ce dont je suis sûr, c’est que les « rebelles » sont capables du même comportement quand on connait leurs méthodes barbares. Donc, quoi qu’il arrive, balle au centre, si j’ose dire en la matière. A ceci prêt, c’est qu’avec un dictateur, on sait plus ou moins à quoi s’en tenir, surtout lorsqu’il se targue d’adopter une attitude que l’on pourrait qualifier d’occidentale, tandis qu’avec nos barbus, je dois dire que l’on est alors en dérapage à coup sûr incontrôlé. On a payé pour le savoir avec les talibans en Afghanistan.
Alors quoi, que fait-on ? Je suis un des rares à avoir soutenu Georges W. BUSH dans sa croisade en Irak, même si je pense, et je l’avais dit à l’époque…, que l’IRAN m’aurait semblé un adversaire plus approprié. Je maintiens que, « globalement », mais c’est l’avenir et les historiens qui nous le confirmeront, ce renversement d’un dictateur, incontrôlable, lui, a permis à tout un « peuple », qui doit encore se trouver en tant que peuple, de découvrir ce que pouvait vouloir dire la liberté, même si j’en conviens le chemin est encore long et semé d’embuches pour en apprécier les charmes... Et je crois que cela a été déclencheur de manière indirecte du mouvement qualifié de printemps arabe... Les dictateurs pouvaient être renversés !
Alors ? Oui, alors ne sommes-nous pas avec la Syrie dans le même cas de figure, faisant suite aux printemps arabes que nous avons connus ? Oui et non, en fait. D’abord, il nous faut constater qu’en l’absence de forces politiques autres que nos mouvements religieux endoctrinés et bornés, ce qu’on appelle chez nous la démocratie, avec toutes ses faiblesses je veux bien l’accorder, n’a que peu de chance d’éclore dans ces contrées, en tout cas dans l’immédiat. Et je me dis que donner du temps au temps, sans rester inactif bien sûr, est une bonne manière également de permettre l’émergence de forces politiques dignes de ce nom et de nos temps modernes.
Et, justement, je vois dans les situations créées en Irak, en Afghanistan, en Egypte, en Libye, en Tunisie,… des exemples qui peuvent permettre de faire évoluer les choses. Tout simplement parce que l’absence de vraie liberté, le déferlement de la violence, … peuvent provoquer dans les peuples des sursauts… Mais je sais bien aussi que tout cela est une longue histoire qu’il faut savoir accélérer ou ralentir au gré des circonstances et que rien n’est gagné d’avance, c’est clair, ni acquis définitivement d’ailleurs… (à bon entendeur, salut).
Alors, voilà. Non, je ne pense pas que nous devrions intervenir directement et militairement en Syrie. Oh, je ne blâme pas le pauvre HOLLANDE (même si j’en suis au point d’avoir un peu pitié de lui tellement il est ridicule, c’est dire…) mais je lui recommanderais à l’avenir de prendre ses décisions en chef d’Etat garant de l’intérêt de la France et non en fonction des conseils de ses communicants pour se faire une place au soleil. Qu’il songe à Icare… et à sa chute…si près du soleil pourtant… ! Et qu’il pense un peu plus aux français…
Et je le blâme d’autant moins que je n’ai, moi (!), jamais eu aucune illusion sur Barak OBAMA. Toute sa politique internationale a été piteuse depuis son arrivée au pouvoir car il agit en fonction d’un monde qu’il souhaite et non en fonction du monde tel qu’il est. Je dois dire que les Démocrates sont ainsi faits, tels Jimmy CARTER en son temps, et cela ne veut pas dire que les Républicains aient forcément raison. Mais ils sont faits sur le même moule qu’un Poutine : une ligne droite et on fonce. Encore faut-il effectivement que cette ligne droite nous conduise sur la bonne voie… Mais en tout cas, c’est clair.
Pauvre Obama qui se cache derrière son Congrès. Je serai peut-être contredit la semaine prochaine mais compte tenu des circonstances tordues auxquelles ils sont confrontés, je ne vois pas pourquoi les membres du Congrès le soutiendraient. « Demerden zie sich » diraient les allemands (je crois que la traduction ne s’impose pas…). Le gaulliste que je suis, à ce propos, considère pour le coup que François HOLLANDE n’avait pas à demander un vote à l’Assemblée Nationale. Rappelons-nous les motivations du fondateur de la Vème République, Charles De Gaulle, qui souhaitait mettre fin à un parlementarisme qui avait conduit à l’impuissance et à l’humiliation la France en 1940. Une autre histoire… quoi que…
Alors, maintenant que François HOLLANDE n’a plus qu’à attendre la décision de Barak OBAMA et s’y rallier en expliquant que, quelle que soit cette décision, c’était évidemment la meilleure, je lui conseillerais de ne pas engager la France dans cette obscure aventure et de prier pour que le Congrès américain sauve son chef en le désavouant ! Après la victoire à la Pyrrhus, on aura inventé la défaite à la OBAMA, qui serait finalement une victoire… en lui évitant ainsi ensuite un désastre. Il existe d’autres moyens de rétorsion contre la Syrie… Une belle manière en tout cas de laisser son nom dans l’histoire ! Quant à François HOLLANDE, une belle manière de ne pas laisser son nom dans l’Histoire, mais parfois cela vaut mieux…
Stop !
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 7 septembre 2013