LES PRIMAIRES SOCIALISTES
Mail au Figaro et à Valeurs Actuelles
Au risque de passer pour un rabat-joie, je n’arrive pas à comprendre pourquoi aucune analyse de fond n’est faite dans la presse concernant la « primaire » organisée par le parti socialiste.
En effet, au-delà de l’étonnement que l’on peut légitimement avoir du choix d’une primaire pour désigner le candidat d’un parti par des électeurs ne se reconnaissant pas nécessairement dans ce parti mais dans des « valeurs » de gauche et des conditions de vote qui mobilisent les fichiers électoraux de la République et des salles communales de nos mairies, je suis surpris par l’ampleur de la reprise médiatique de ces débats internes à un parti finalement.
Non seulement, une grande partie des citoyens n’est absolument pas concernée par ces joutes verbales ou écrites de la part des protagonistes en question mais de plus, désormais, une chaîne publique est mobilisée pour organiser des débats internes à un parti ou un camp politique, et cela combien de fois, on ne le sait pas, sauf erreur de ma part.
Imaginons ce que deviendrait l’année préélectorale d’une élection présidentielle si chaque parti bénéficiait de la même couverture médiatique, y compris à la télévision, dans le cadre de primaires ainsi organisées.
Par ailleurs, ne faudrait-il pas se poser la question au moins du financement des campagnes électorales qui, comme chacun sait, s’inscrit dans une période dont le point de départ se situe un an avant le premier tour de l’élection présidentielle en l’occurrence. Comment doivent être comptabilisées les documents de communication édités qui constituent des éléments de propagande déjà produits par celui en tout cas qui sera retenu gagnant de la primaire ? Dans le compte de campagne du futur candidat ou non ? Quid des règles du CSA concernant les temps de télévision ou de radio consacrés aux débats de cette primaire qui constituent de fait un temps d’expression politique ? Faut-il les imputer à la gauche, dégageant ainsi un temps identique pour la droite ?
Permettez-moi de penser que toutes ces questions et d’autres encore mériteraient une analyse un petit peu plus poussée de la part des médias, à défaut de faire l’objet d’une réflexion de la part de mouvements politiques pourtant directement concernés. Et cela ne constitue pas un jugement de valeur sur l’intérêt d’une primaire en soit mais seulement sur les conditions d’organisation de celle-ci. Libre effectivement à chaque parti de s’organiser pour désigner son futur candidat mais tous les citoyens-électeurs doivent-ils pour autant être ainsi impactés par des débats internes à un parti, voire un camp politique auto-désigné, « la gauche » en l’occurrence telle que mise en avant par le parti socialiste comme périmètre ciblé.
Décidément, nous vivons une époque où le bon sens ne semble pas la chose la mieux partagée du monde. Ce débat me semble-t-il a toute sa légitimité, quelles que soient d’ailleurs ensuite les conclusions qui en seront tirées, favorables ou non à ce genre de primaires « universelles », et avec quel encadrement dans l’affirmative.
Bien cordialement.
Patrick CLEMENT,
Boulogne le 15 septembre 2011