LA MISE EN PLACE D'UN CURSUS D'ORIENTATION SCOLAIRE
150 000 jeunes sortent tous les ans du système scolaire sans diplôme. Les chiffres donnent le vertige et surtout obligent à se poser la question suivante : comment peut-on continuer avec le même système éducatif sans chercher à identifier de manière quasi scientifique les causes de cet échec et ainsi pouvoir proposer des remèdes adaptés ?
L’échec du système scolaire conduit à des catastrophes sur le plan humain, pour notre économie et finalement pour notre société. Sur le plan humain, que d’efforts vont devoir être consentis et d’aides financières accordées pour permettre à ces jeunes de surmonter leur situation d’échec scolaire, et tout simplement vaincre leur sentiment de n’être bon à rien. Notre économie est quant à elle mise à mal car elle ne bénéficie clairement pas d’une main d’œuvre motivée, employable pourtant avec un faible niveau de qualification, pour occuper des postes dont les entreprises ont besoin (bâtiment, industrie,…). Nous ne nous étendrons pas sur les conséquences qui en découlent en matière de recours à une main d’œuvre immigrée, « disponible » et bon marché, mais dont la collectivité va devoir ensuite assumer les efforts d’intégration, avec les degrés très variables de réussite que l’on connait. Notre société enfin est atteinte de plein fouet, son harmonie est remise en cause, ses valeurs sont décriées, sa population doute d’elle-même et de son avenir.
Comment faire face dans de telles conditions à la compétition mondiale qui s’impose, quelle que soit la manière d’y répondre pour les pays ?
Même si cela revient comme un vieux poncif, l’origine de ce dérapage de notre système scolaire remonte à mai 68, puis aux lois relatives à l’organisation de l’enseignement, dans les années 70, qui en sont issues, et les lois qui suivront de même inspiration. Que la société, et sa jeunesse, aspirent à évoluer, c’est la tendance naturelle de toute génération, et c’est positif lorsque ceux qui gouvernent savent évaluer les attentes émises sans pour autant céder à toutes les demandes. La mise en place du collège unique dans un souci d’égalité des jeunes, par exemple, et le rejet de la sélection qui fondait pourtant le modèle républicain de réussite quelle que soit son origine sociale, sont ainsi deux pavés lourds de bonnes intentions mais qui ont conduit vers l’enfer actuel que vivent ces exclus du système scolaire.
A vouloir rejeter en bloc la sélection, synonyme d’effort et d’engagement personnel pour s’améliorer, finalement, ce sont ceux qui avaient les conditions sociales les plus favorables (pas seulement sur plan financier si l’on prend pour référence les enfants de professeurs) qui sen sortent le mieux. L’ascenseur social est brisé net, déjà ! A vouloir refuser d’accepter qu’une société est composée d’individus, certes égaux en droit, mais pas égaux en termes de facilités d’apprentissage, de motivations, et de capacités à poursuivre des études dites générales, délaissant ainsi les études techniques ou professionnelles, les égarés laissés au bord du chemin sont devenus légions.
Par idéologie et, disons-le, refus d’accepter qu’une partie des enfants d’immigrés, se retrouvant en trop forte proportion dans un certain nombre d’établissements scolaires compte tenu d’une immigration mal maîtrisée et insuffisamment progressive, se dirigent vers ses filières techniques ou professionnelles, le paquebot a poursuivi sa route comme si de rien n’était alors qu’il prenait l’eau.
En parallèle d’une réflexion plus large et technique qu’il convient de mener sur l’avenir du collège unique et des méthodes d’enseignement, il faut impérativement mettre en place un véritable cursus d’orientation accompagnée, professionnalisé, qui se donne pour objectif de privilégier l’orientation choisie et non l’orientation par l’échec. Et cela dès le plus jeune âge, en s’appuyant sur l’évolution très significative des techniques de test psychologiques permettant d’identifier chez l’enfant les prédispositions et chez l’adolescent les aspirations plus précises à s’engager vers tel ou tel métier et donc à suivre la formation adaptée au métier recherché.
Ainsi, par exemple, dès le CM1, puis en cinquième, en troisième, voire en terminale, serait proposée obligatoirement une batterie de tests psychologiques adaptés visant à répondre à l’objectif précédemment évoqué. Tests véritablement orientés vers une meilleurs compréhension pour le jeune de ce qui l’attire dans la vie, quelle forme d’activité, et du coup vers quel type de métier il devrait s’orienter.
L’ensemble de ces test devrait être assorti d’un suivi personnalisé afin d’assurer au jeune une information sur les métiers et les voies de formation s’y rattachant. A l’heure d’internet et des possibilités d’information ainsi offertes, il est impensable de ne pas engager des efforts considérables en la matière. D’ailleurs, le mouvement il faut le reconnaître est déjà engagé mais semble-t-il tout de même de manière inégale, et reste encore balbutiant. La multiplication des visites d’entreprises et d’interventions dans l’enceinte de l’établissement de professionnels seraient aussi à privilégier. Ne serait-il pas temps d’ailleurs de réintroduite des cours de travail manuel (bois,…) dès les premières années de collèges, valorisants pour ceux qui sont mal à l’aise avec l’apprentissage plus théorique et formateurs même pour ceux qui se dirigeront vers l’enseignement général.
L’effort financier significatif consenti pour professionnaliser véritablement ce cursus d’orientation accompagnée serait vite rentabilisé sur un plan strictement matériel et rendrait confiance à des milliers de jeunes qui viendraient renforcer le dynamisme des entreprises pour le profit de tous (des économies seraient d’ailleurs à faire en renonçant aux multiples enseignements, proposés à la carte, comptant pour le BAC).
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 25 septembre 2011