« LA FRANCE EST UNE REPUBLIQUE INDIVISIBLE, LAÏQUE, DEMOCRATIQUE ET SOCIALE »
L’article 1 de notre Constitution nous rappelle tout ce que nous devrions revisiter dans ces temps de doutes, en nous projetant vers la belle idée de Progrès qui doit guider le monde pour donner du sens à la vie de l’Homme. Progrès étant entendu comme ce qui nous permet de progresser dans la connaissance du monde et de l’univers. A chacun de définir, dans la relativité des sociétés, ce que signifie progrès sur le plan de l’organisation démocratique et sociale des Hommes.
Devant le spectacle misérable que nous donne à voir la Politique en ce moment, je ne vois pas d’autres échappatoires que de remettre à plat les fondamentaux qui doivent animer notre civilisation.
Spectacle minable d’une Gauche au pouvoir qui, élue par ses mensonges, se contorsionne comme une pauvre marionnette secouée par les vents de la crise. Gouverner la France demande du caractère, surtout lorsque l’on n’a aucune idée sur la direction vers laquelle on souhaite finalement aller.
Spectacle lamentable d’une Droite qui, à défaut d’avoir vraiment une trajectoire bien définie, faisait des zigzags, mais dans une certaine direction identifiable tout de même. On avait le tournis mais on se disait qu’un certain cap était préservé, bon an mal an… Aujourd’hui, la tambouille à laquelle nous assistons de la part des protagonistes de ce qui devrait être la principale force d’opposition est pitoyable. Je ne gâcherai pas plus de temps et de mots sur la chienlit qui s’est installée dans ce mouvement dit populaire.
Spectacle affligeant des politiques de manière générale. Aucun ne semble pouvoir rattraper l’autre tant on a l’impression qu’ils sont mus les uns et les autres par des considérations personnelles plutôt que par l’intérêt de leur pays. On voit bien pourquoi Charles de Gaulle craignait le règne des partis ! Et que dire, dans une récente émission politique de cet affrontement verbal de café du commerce entre une Marine LE PEN qui se croit dans une cour de préau d’école et un Manuel VALLS qui applique la méthode Coué avec une régularité de métronome. Même un Mélenchon, qui malheureusement s’est égaré dans la rationalité de ses idées crypto communistes, nous parait plus digne de respect en termes de convictions. Mais que nous reste-t-il ? La France est désespérée et nous n’attendons pas quelque sauveur autoproclamé mais la réactivation d’un débat politique digne de ce nom porté par des médias qui accepteraient de présenter les idées sans mettre en avant leurs propres idées.
Dans ce vaste capharnaüm qu’est devenue la France aujourd’hui, j’ai voulu élever mon esprit en lisant le livre de Benoît XVI sur l’enfance de Jésus. Et tout à coup, la lumière fût. J’ai compris de manière plus forte qu’auparavant, car je tâtonnais, j’ai compris que le dialogue avec les religions ne pouvait pas se faire sur une base rationnelle. Eh oui, c’était d’une telle évidence que je veux m’en expliquer car je crains aussi que de tels propos soient mal interprétés ou utilisés à d’autres fins.
Je veux dire tout simplement que, comme pour les deux premiers tomes de cette série consacrée à Jésus, Benoît XVI, avec érudition et ferveur spirituelle, dialoguait dans un plan religieux et uniquement religieux. Sa réflexion ne visait pas à aborder son sujet de manière rationnelle, mais à argumenter dans le cadre qui était celui de la vérité de ce qui était rapporté dans les évangiles ou autres textes parallèles. Mais jamais à se poser la question, vraiment, de la véracité de ce qui était rapporté, ni des intentions possibles que l’on pouvait entrevoir de la part des auteurs. De manière plus évidente que d’habitude m’apparaissait une vérité forte, profonde, indépassable. Chaque religion situe son dialogue dans sa foi ce qui autolimite sa capacité de raisonnement en valeur absolue. Elles ne peuvent qu’argumenter en valeur relative, ce qui atténue la force de leur propos mais ne doit pas cependant aboutir à l’évacuer.
Et cela se vérifie évidemment pour toute religion. La virginité de Marie, mère de jésus, les miracles, la résurrection de Jésus,… sont à prendre tels quels ce qui constitue un postulat qui vient altérer la capacité de raisonnement sans « a priori ». De tels dogmes fragilisent la pensée et la réflexion. Mais puisque cela ressort du domaine de la foi, il n’est pas possible de se retrouver, en tout cas dans ce registre-là. Il en va de même de Mahomet qui multiplie les sourates qui n’ont d’inspirées que son intérêt personnel comme en témoigne de manière flagrante, en particulier, ses accommodements, censés être reçus de Dieu, pour lui permettre de mieux profiter des femmes, voire des très jeunes filles, qu’il convoitait et qu’il obtint ainsi. Pauvre Dieu, décidément. Il est bien utile pour justifier tout et son contraire, toujours par l’intermédiaire des hommes bien entendu, pour consolider leur pouvoir ou ménager leurs intérêts personnels.
Oh, je ne dis pas, et je l’ai écrit, que je nie la possibilité de dimensions qui nous échappent encore. Mais ce qui est certain, c’est que lorsqu’il nous sera donné de mieux pénétrer ces espaces inconnus encore, ou si mal connus en tout cas, nous découvrirons à quel point nous faisions fausse route. Par contre, attention, fausse route certes, mais sans doute nécessaire car elle correspond à cette recherche de vérité, ce besoin de croire en autre chose que ce monde uniquement matériel, que nous nous devons impérativement de respecter ces cheminements. Pour autant qu’ils ne nous emmènent pas vers des fadaises administrées par des hommes qui s’érigent en porte-parole de Dieu.
Et c’est bien là le plus important. Cette République laïque, indivisible, est le ferment de la possibilité de vivre ensemble. Hors du champ du raisonnement strictement rationnel, mais constituant une aspiration spirituelle profonde, ancrée au plus profond de l’Homme, les religions doivent pouvoir se retrouver sur un terrain neutre si j’ose dire. Haute exigence pour ceux qui considèrent que Dieu est tout et dépasse toute organisation instituée par les hommes. Mais seule cette ambition peut nous préserver des affrontements irréductibles et nous laisser le temps d’œuvrer pour que la vérité dans le progrès de nos connaissances puisse nous permettre de comprendre le monde qui nous entoure. Je l’ai déjà dit. Toute spiritualité a vocation à rentrer dans le giron de la réalité, soit parce que notre connaissance élargie en fera tomber des pans entiers, soit parce que cette même connaissance élargie nous donnera à voir de nouveaux horizons qui modifieront de manière irréversible notre manière de penser.
Il est donc impératif de préserver cette capacité à avancer dans la recherche de la Vérité. Et c’est cette République laïque, ou tout modèle d’organisation politique assurant les principes fondamentaux que je viens d’exposer, qui doit être notre valeur commune. Et sans gardiens du temple là encore autoproclamés. Quand j’entends certains dirigeants francs-maçons nous expliquer par interview interposée que les religions n’ont pas à prendre part au débat public, je m’érige en faux contre ce genre d’affirmations, fort de ce que je viens d’expliquer pourtant. Mais dans mon esprit, le débat public n’est interdit à personne, et les francs-maçons n’en ont pas plus le monopole républicain que n’importe quelle autre catégorie sociale. A chacun de s’exprimer au regard de ses convictions, pour autant que chacun accepte de parler en toute clarté par rapport à l’ensemble du corpus d’idées qui l’anime. Et à ce titre, encore une fois malgré les préventions que je viens de rappeler à l’égard de la rationalité en quelque sorte subjective de leur raisonnement, les religions peuvent et doivent nous donner leur interprétation, en toute liberté, tout simplement parce qu’elles expriment également une certaine vision du monde et de la vie.
Et nous voyons bien que notre modèle éducatif doit porter les germes de cette liberté d’opinion et d’expression. Très clairement, en rappelant, non pas tant dans une morale laïque que dans une lecture attentive de nos principes républicains, le fondement de notre savoir-vivre ensemble. Notre histoire contient tous les éléments d’explication et se prête indirectement à la compréhension du fait religieux, dans sa diversité. Tout comme la géographie permet une vision géopolitique du monde dont ne doivent pas s’abstraire nos jeunes citoyens du monde. Citoyens du monde qui, cependant, doivent pouvoir comprendre leurs racines avant de se projeter dans de nouveaux espaces.
Non, je ne suis pas un doux rêveur. J’appelle vraiment tous ceux qui sont encore un peu lucides à rejoindre cette croisade en faveur d’un modèle politique capable de garantir notre marche vers le Progrès. Et alors, en ayant fixé ces principes fondamentaux, le reste en découlera naturellement. Non pas d’une traite, bien sûr, avec des a coups et des errements. Mais si l’esprit de cette quête est bien préservé, nul doute que nous cheminerons ensemble pour parvenir au but fixé, un jour, et sans que ce but ne puisse lui-même peut-être livrer tous ses secrets, en tout cas, avant longtemps. Mais si but il y a, il peut être atteint car il existe. Ce qui est, est. Et ce qui est peut donc être connu…
J’en suis convaincu. Croyez-moi !
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 10 décembre 2012