ETATS D'AME...
Il faut parfois du courage pour reprendre « la plume » ! Après ce premier tour des élections présidentielles, difficile de cacher ses états d’âme. Je me garderai bien de toute analyse politique au sens strict du terme, l’humilité étant de mise après un tel échec de son candidat, François FILLON, et une telle erreur d’analyse sur le potentiel d’un autre, Emmanuel MACRON. Au moins, les résultats mettent fin à ce suspense qui devenait pesant.
Je crois que cette élection, qui n’est certes pas encore finie mais qui approche de son terme, pourra faire l’objet de nombreuses thèses universitaires et donner lieu à la parution de nombreux livres. Pour moi, le plus impressionnant reste la manière dont Emmanuel MACRON a réussi son pari. Entendons-nous bien, et je laisse le soin à plus compétent que moi de mener l’enquête, je continue de penser qu’Emmanuel MACRON a usé de toutes les ficelles du marketing politique au point d’en devenir une sorte d’ « homme sandwich » politique. Mais ça marche ! Et je continue de penser que de bonnes fées se sont penchées sur lui pour lui mettre le pied à l’étrier afin d’amorcer de bons sondages et de le propulser dans le maquis des « Unes » de magazines. Mais force est de reconnaître qu’il fallait transformer l’essai et ne pas se dégonfler comme une bulle médiatique éphémère. L’engrenage des soutiens est venu conforter et je dirais faire la courte échelle aux bons sondages.
L’homme a du talent mais est-il prêt à devenir Président de la République ? Et je continue de penser qu’il risque bien de se mordre les doigts de ce succès à l’épreuve du pouvoir, quel qu’il soit, puisqu’à cette heure il serait hasardeux, en cas de victoire au second tour qui semble logique d’un point de vue arithmétique, de savoir quel sera son véritable statut après les élections législatives. Un Président confronté dès son investiture pratiquement à une cohabitation ? Un Président style IVème République devant se ménager des majorités de projet au cas par cas ? J’avoue très honnêtement être inquiet. L’élection de Marine LE PEN entraînerait d’ailleurs les mêmes conséquences avec de surcroît une société plongée dans une crise convulsive. Comment la France déjà en grande difficulté va-t-elle pouvoir surmonter l’instabilité institutionnelle que je pressens comme tant d’autres ? Après tout, ce sont les français qui l’ont voulu… Non, c’est un peu court comme argument. C’est plutôt la résultante d’un France tiraillée qui ne sait plus quel chemin suivre ; déboussolée. Cette tectonique des plaques ne me dit rien de bon et je crains que les frottements ne débouchent sur quelques tremblements de terre aux conséquences difficilement mesurables.
Il est vrai que le destin du monde est plus incertain que jamais. Cette interconnexion louable en soi des pays et des Hommes est aussi synonyme d’instabilité et d’un embrasement potentiel fulgurant. C’est un monde sans repères traditionnels qui s’ouvre à nous et dans lequel il nous revient de concilier traditions et modernité pour intégrer le progrès auquel on ne peut échapper mais que l’on doit maîtriser autant que faire se peut. Telles des poupées russes, il nous faut concilier notre appartenance à la Nation, à l’Europe et au monde. Et pour cela, il nous faudrait une liberté de débat indispensable pour que chacun, à sa place sur le plan social et géographique, puisse se sentir appartenir à un tout qui fasse sens ; à une civilisation dans laquelle il se reconnait. Tout va si vite.
Mais pour replonger dans la mêlée électorale, je crois pouvoir dire aussi que la clarification du jeu politique souhaitée par les français devra donner lieu à des projets bien identifiés. La Gauche ne sait plus où elle en est, et force est de constater que désormais la Droite non plus. Peut-être suis-je trop classique dans mes analyses mais je ne crois pas aux synthèses de circonstance qui finissent à terme par exploser au profit des positionnements les plus tranchés, dans un sens ou dans un autre.
Spectateur un peu hagard de cette scène politique, je concède avoir besoin de reprendre mes esprits pour essayer d’y voir un peu plus clair. Gardons espoir mais soyons parés pour la tempête…
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 24 avril 2017