VINCENT, NOUS ENTENDS-TU ?
Evoquer le cas de Vincent LAMBERT qui ne peut pas nous répondre et peut-être nous entend, quelque part, est plutôt délicat surtout quand une famille se déchire sur sa fin de vie ou non, et que les juges devraient se sentir humbles devant la mort d’un être humain…
J’aimerais pouvoir, comme chacun de nous j’imagine, j’aimerais pouvoir le tirer de cet état ou en tout cas parvenir à savoir si oui ou non son corps nous a quittés à jamais.
En attendant, je souhaiterais revenir sur la vidéo de Vincent LAMBERT diffusée cette semaine par ses proches. Je voudrais une fois de plus déplorer le manque d’impartialité des médias qui me désole au plus haut point. Et je vais en prendre pour exemple deux médias qui, a priori, je dis bien a priori, n’ont pas les mêmes orientations politiques. Je veux parler de France 2, dont le caractère de télévision officielle ne fait plus aucun doute, et du FIGARO, dont la ligne éditoriale marquée en théorie à droite est cependant souvent démentie par la tonalité des articles d’un certain nombre de ses journalistes…
En effet, France 2 a refusé de diffuser cette vidéo sans flouter le visage de Vincent LAMBERT au motif que le principal intéressé n’aurait pas donné son accord. Une telle hypocrisie pour une chaîne qui ne prend pas de telles précautions dans d’autres circonstances n’est pas surprenante car, effectivement, ce qui marque dans cette vidéo c’est la réactivité de Vincent LAMBERT en clignant des yeux face à ses visiteurs (plus particulièrement son frère en l’occurrence). Alors, en floutant l’image, pas de crainte, on ne voit rien de tout cela. Bravo. Bien joué. Enfin, bien joué pour plaider la thèse de la nécessaire fin de vie que vient conforter au Journal Télévisé l’avis d’un médecin expliquant qu’il s’agit de réflexes mécaniques. Curieusement, ces réflexes s’intensifient en fonction de la personne qui s’adresse à Vincent LAMBERT. Passons…
Oui, je sais bien, je ne suis pas spécialiste de ces questions. Mais justement, les spécialistes qui ont un avis différent sur le cas de Vincent LAMBERT ne sont pas invités à s’exprimer. Belle conception du débat. Et certains d’entre eux sont même pourtant prêts à accueillir Vincent LAMBERT dans leur établissement spécialisé pour ce genre de cas très particuliers. Bien sûr, cela coûte cher. Bien sûr, cela ne sert peut-être à rien. Pourtant, les progrès de la médecine passent souvent par la prise en charge de patients qui ne rentrent plus dans la sphère de connaissance des médecins. Et en matière de conscience, on sait que l’on ne sait pas encore grand-chose. Loin de là. En tout cas, on sait que, parfois, des situations jugées irréversibles par les médecins eux-mêmes, notamment en matière de coma, se renversent.
Alors, pas d’acharnement thérapeutique, comme je l’ai écrit dans des articles précédents car, si j’ai la chance d’être intimement persuadé qu’il y a une autre forme d’existence après la mort, je considère à titre personnel donc que rien ne justifie de maintenir en vie un corps qui n’a plus que l’apparence de la vie, que ce soit à cause d’un accident ou de la vieillesse.
Mais je crois qu’il faut donner une vraie chance à la famille, et au premier chef aux parents qui ont donné naissance tout de même à leur enfant, de se persuader qu’il est temps de laisser la nature faire son œuvre. Et contrairement au FIGARO qui ne mentionne que les thèses de ceux qui classent Vincent LAMBERT dans la catégorie des malades irrécupérables, il faut pouvoir entendre les spécialistes qui pensent le contraire et se proposent de l’accompagner pour pouvoir s’en assurer. Mais s’en assurer vraiment, après lui avoir prodigué tous les soins qui permettraient de vérifier qu’il n’y a plus aucun espoir de « retour ». Et si, alors, aucun signe n’est donné de la part de Vincent LAMBERT, pour poursuivre les efforts… ou les interrompre, ce serait alors aux médecins, en conscience, et à la famille, sereinement, de prendre LA décision. Et la dignité humaine, pour lui, l’équipe médicale et la famille, exigerait que cette mort soit provoquée plutôt que de cesser de l’alimenter comme on laisserait mourir un animal…
Enfin, je sais que cette piste peut créer la polémique, mais pourquoi ne pas recourir à certaines personnes qui témoignent de dons surprenants pour rentrer en contact avec ce qu’ils désignent comme étant des esprits. Oui, cela pourrait être un élément utile mais laissé à l’appréciation de la famille seulement. Et, pour ne pas trop heurter, en considérant qu’il ne s’agirait que d’un indice pouvant faciliter la prise de décision. Mais pourquoi pas…
Bien entendu, cette tentative désespérée de sauver Vincent LAMBERT en diffusant cette vidéo peut choquer mais quelle solution restait-il à ses parents, les membres de sa famille, et les amis favorables à son maintien en vie pour se faire entendre avant qu’il ne soit trop tard ? Dîtes-le moi !
L’importance des directives anticipées est à ce titre de plus en plus manifeste. Chacun devra se prononcer pour que les informations contenues dans sa carte VITALE soient un élément d’appréciation utile, voire déterminant, afin de pouvoir prendre la décision qui représente le mieux la volonté de celui qui est plongé dans un tel état.
Puissions-nous à l’avenir engager les uns et les autres ce débat de manière plus contradictoire pour permettre à chacun de s’exprimer. Et ceci n’est pas un vœu mais devrait être une obligation professionnelle pour les journalistes en charge d’un tel sujet. Et qu’ils ne s’étonnent pas sinon de voir le débat prendre vie ailleurs que sur les canaux traditionnels mais à travers les réseaux sociaux. C’est bien à cause de leur défaillance dans la qualité de l’information.
Si Vincent LAMBERT pouvait donc nous entendre et nous éclairer… Vincent, nous entends-tu ?
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 11 juin 2015