APARTHEID, APARTHEID, EST-CE-QUE LA FRANCE A UNE GUEULE D’APARTHEID ?
Manuel VALLS a employé le mot d’apartheid pour décrire la situation de certaines banlieues et c’est le grand scandale soulevant une réprobation unanime, même de la part de Marine LE PEN, c’est dire…
Ah la la, pauvre France, je crois que ce pays est foutu. On y vante la liberté d’expression de CHARLIE HEBDO, qui bafoue depuis toujours toutes les valeurs auxquelles je crois personnellement…, après l’avoir refusée pour notre intelligentsia de gauche depuis des décennies aux intellectuels un peu trop jugés à droite, et on fait la fine bouche parce qu’un Premier Ministre emploie un terme choc pour désigner une réalité.
Horreur, l’apartheid, mais c’était l’Afrique du sud, un régime ayant mis en place le développement séparé des populations, principalement blanches et noires… Personne ne prend la défense de Manuel VALLS pour expliquer qu’un mot peut rentrer dans le langage courant avec une acception plus large. N’y a-t-il plus que des imbéciles pour ignorer que le mot apartheid est utilisé également dans un sens commun, courant, de séparation, sans nécessairement faire référence au régime qui est à l’origine de ce terme ? Misère de misère. Les bras m’en tombent littéralement.
Apartheid, c’est le mot choc qui correspond en fait à communautarisme. En bref, et je vous prie de m’en excuser, je fais bref, deux grandes traditions de développement se juxtaposent : celle des pays anglo-saxons qui ont toujours considéré, surtout pour les Etats-Unis, pays forgé complétement, lui (!), par l’immigration sur quelques siècles, qu’il était normal que les populations arrivantes se regroupent par nationalité, en tout cas dans un premier temps, avant de se fondre dans ce qui représentait la population plus autochtone en termes d’ancienneté de présence. Tandis que la France revendiquait plus fortement la nécessité de l’assimilation immédiate au modèle républicain, obligeant ainsi les nouveaux venus à épouser fortement les us et coutumes du pays d’accueil pour mieux ressembler, et plus rapidement, aux autochtones. Oui, je sais, je vais vite et je fais de grossiers raccourcis, mais l’idée est là et chacun la comprendra.
Qui ne voit qu’aujourd’hui, le communautarisme s’est très fortement renforcé pour mille et une raisons mais dont la principale reste l’arrivée massive de populations immigrées dans un temps très court au regard de la vie d’une Nation. Cette assimilation n’a donc plus été possible comme par le passé et il faudrait être aveugle ou particulièrement de mauvaise foi pour ne pas savoir ou reconnaître que certaines parties de nos territoires n’ont plus rien d’un mix de populations nouvellement arrivées et de français de souche.
Alors, apartheid ou communautarisme ? Disons que le terme communautarisme est le terme finalement consensuel, c’est-à-dire qui traduit une forme de résignation face à cette évolution non désirée forcément par rapport à l’assimilation, mais peu ou prou acceptée, car difficilement évitable… Apartheid est le mot plus fort pour désigner une réalité qui peut d’ailleurs servir plusieurs desseins. Soit l’employer pour le dénoncer au sens où ce développement séparé est synonyme de juxtaposition de cultures et donc de valeurs différentes dans un même pays, et devant donc être cassé pour mieux répartir ces populations sur l’ensemble du territoire, oubliant qui a encouragé cet état de fait. Soit l’employer pour justifier pleinement le fait que certains puissent vivre différemment sur certaines parties de notre territoire en privilégiant leurs coutumes d’origine et leur propre culture finalement. N’est-ce pas cette sorte d’apartheid que demandent certains d’ailleurs, on pense à certains « jeunes de banlieue » ou moins jeunes, qui considèrent que « leur » territoire n’est plus soumis aux règles de la République de facto et que seuls ceux qui sont « habilités » ou qui y vivent peuvent y pénétrer ? Quant à d’autres, ils rêvent déjà à voix haute de pouvoir appliquer la Charia dans certains territoires…
Alors, si on ne peut plus dénoncer la racine du problème civilisationnel auquel nous sommes confrontés, rappelée dans les précédents articles, et dont la résolution se trouve dans une nécessaire remise à plat de l’Islam, et si, en plus, il ne faut pas décrire la réalité du communautarisme qui peut exacerber cette lecture violente que l’Islam offre notamment dans ses propres écrits et traditions, alors je ne vois pas comment nous pourrons résoudre cette crise.
Bien entendu, la gauche s’est vautrée avec complaisance dans ce type d’invective lorsqu’elle était dans l’opposition et sa responsabilité dans les causes qui fragilisent aujourd’hui l’harmonie de notre Nation est première, bien que partagée par la droite du fait de sa lâcheté, mais j’ai du mal à concevoir que la droite doive jouer le même petit jeu malsain (sans compter ceux qui à gauche restent les idiots utiles prêts à s’effaroucher dès que leur petite novlangue est écorchée…).
Si c’est le cas, je crains vraiment que notre pays soit irrémédiablement foutu… Il aurait mieux valu selon moi renvoyer Manuel VALLS aux responsabilités de son propre camp dans ce constat d’apartheid, plutôt que de remettre en cause un diagnostic hélas bien réel… Mais il est vrai qu’il aurait fallu dans ce cas s’exposer au risque du partage des responsabilités !
Patrick CLEMENT
Boulogne, le 22 janvier 2015